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MÉMOIRES SCIENTIFIQUES DE PAUL TANNERY.
agrimensores romains 1 . Leur importante corporation avait natu
rellement fait quelques emprunts à la science grecque ; mais elle
avait précédé Héron d’Alexandrie et l’avait rendu inutile pour
l’Occident latin.
II. — Géométrie appliquée.
Tout en laissant de côté les diverses applications de la géomé
trie, dont il est traité dans d’autres articles de ce Dictionnaire, il
convient d’examiner ici, à un point de vue général, quelle a été
la part relative de l’influence, sur les arts antiques, des connais
sances théoriques qui se sont développées d’une façon si carac
téristique et si brillante que l'on a pu qualifier la géométrie de
science g-recque par excellence.
La question peut se poser sous une forme plus spéciale. A quelle
époque a-t-on commencé à faire des épures, c’est-à-dire des tracés
géométriques que l’on s’efforce de rendre aussi exacts que possi
ble? On a mis en doute que les anciens en aient fait, et il est
certain que leur architecture est conçue suivant des nombres (pro
portions, rapports au module), non suivant des formes, comme
l’est, au contraire, celle du Moyen âg-e. Les constructeurs de
l’antiquité pouvaient donc se passer d’épures, et il semble bien
que, dans la plupart des cas, ils s’en soient réellement passés.
Il est cependant évident que, dans d’autres cas particuliers,
comme pour l’établissement de cadrans solaires par exemple,
des épures étaient nécessaires et que, d’après les monuments de
ce genre qui nous restent, les solutions devaient, sinon exiger
des connaissances théoriques approfondies, au moins reposer sur
de telles connaissances. Les charpentes paraissent ég-alement i.
i. Gromatici veteres, éd. Lachmann, Berlin, 1848.