Ô2. RELIGION DES DERNIERS MATHÉMATICIENS DE L’ANTIQUITE. 535
tandis qu’un disciple de Plotin pouvait la souscrire sans difficulté.
La suite du serment affirme la création et l’immortalité de
l’âme et se tait sur les autres dogmes fondamentaux du christia
nisme ; mais l’expression tcoisïv ne pouvait faire reculer le païen
croyant seulement au Dieu démiurge non créateur, d’autant que
la formule judéochrétienne « le ciel et la terre » se trouve comme
corrigée par la mention des éléments aristotéliques.
En résumé, ce serment fait l’impression d’avoir été rédigé par
un gnostique, en entendant ce mot dans le sens large qu’on doit
lui donner à mon sens; sacrifier le texte dogmatique à l’esprit et
réclamer la plus grande liberté d’interprétation dans le sens des
idées personnelles, voilà en effet, je crois, le caractère général de
la gnose, ce qui explique les divergences de la doctrine et le cu
rieux mélange qui s’y fit d’éléments chrétiens et d’éléments
païens. C’est ce même caractère qui se retrouve, semble-t-il, dans
le serment de Pappus.
Fut-il réellement un gnostique, comme Zosime Pavait été sans
aucun doute? Passa-t-il à cette doctrine, après avoir professé
l’hellénisme strict? Il est difficile de se prononcer. Dans celui de
ses ouvrages qui nous reste, l’épithète de ôeioTotToç donnée deux
fois à Platon, et une phrase où il est parlé de l’ambroisie et des
dieux, sans le correctif habituel en pareil cas chez les chrétiens,
constituent cependant des preuves que, s’il était déjà gnostique
lors de la rédaction de la Collection mathématique, ses opinions
étaient au moins très larges et se rapprochaiennt davantage du
paganisme que du christianisme. Néanmoins, le serment qui lui
est attribué constitue un document qui n’est pas de nature à etre
écarté purement et simplement.
6. Revenons à cet Anatolius d’Alexandrie qui vivait vers le
milieu du troisième siècle. Eusèbe déclare qu’il est au premier
rang des chrétiens qui se sont rendus célèbres par leur connais