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MÉMOIRES SCIENTIFIQUES DE PAUL TANNERY.
sance de la science et de la philosophie hellène, qu’il fut aussi dis
tingué en arithmétique, en géométrie et en astronomie, qu’en
physique, en rhétorique et en dialectique. Après avoir cité un
long’ fragment de lui sur les règ-les du comput pascal, il ajoute
qu’Anatolius avait ég-alement composé dix écrits d'introductions
arithmétiques. En réalité, les assez nombreux fragments qui nous
restent de cet auteur 1 semblent bien faire partie Réintroductions,
c’est-à-dire d’ouvrages élémentaires destinés aux étudiants en
philosophie, mais se rapporter à toutes les branches de la science
mathématique et non pas seulement à l’arithmétique.
Un de ces écrits, consacré à l’analyse égyptienne, c’est-à-dire
à l’algèbre, et dont Psellus nous a conservé quelques fragments,
nous intéresse particulièrement. Composé après les Arithmé
tiques de Diophante, cet écrit était en effet dédié précisément
sTspw AicqxxvTw, d’après la leçon du manuscrit, qu’il faut sans doute
corriger en éxaipw Aiocpavrw 1 2 . Voilà donc Diophante lui-même en
relation d'hétairie avec un chrétien avoué!
Remarquons maintenant que Diophante dédie son grand ou
vrage à un Dionysios. Quoique ce nom soit incontestablement
très commun, on ne peut s’empêcher de penser qu’il y avait à
cette époque un chrétien de ce nom très en vue à Alexandrie, le
quel avait été un des maîtres d’Anatolius. Saint Denis d’Alexan
drie, évêque de 247 à 265, avait, en effet, de 231 à 247, dirigé le
ch<Wy.aXeîûv chrétien. Les Arithmétiques de Diophante n’auraient-
elles pas été rédigées sur son désir, au temps de cette direction,
pour servir à l’enseignement de la jeunesse chrétienne?
il y aurait, en faveur de cette hypothèse, à faire valoir une re
marque importante. Un des traits les plus singuliers de l’ouvrage
1. Recueillis par Hultsch dans son édition : Heronis Alexandrini Geome
tricorum et stereometricorum reliquiae, Berlin, 1864.
2. Voir mon édition de Diophante, II, p. 38; cf. proleg'., p. xlvii.