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NOTICE BIOGRAPHIQUE
Dans le lait, c’est toujours le vendeur qui le supporte. L’acheteur com
pare l’argent qu’il débourse avec l’avantage qu’il acquiert, et cette
comparaison le détermine. S’il n’y trouvait pas son compte, il n’achè
terait pas. Quand le droit d’enregistrement n’existerait point, l’acheteur
pourrait disposer de la même somme pour le même avantage, et cette
somme entrerait tout entière dans le coffre du vendeur.
» Les propriétaires de biens supportent donc seuls, en définitive,
les droits de mutation. Tout accroissement de ces droits est une perte
pour eux, et ces droits pèsent sur les petites propriétés plus que sur
les grandes, parce que leurs mutations sont plus fréquentes. L’impôt
sur les fermages pèserait, au contraire, davantage sur les grands
domaines.
» L’impôt sur les fermages, n’atteignant pas les propriétaires de
bois, serait compensé par un impôt sur la vente des coupes, impôt très-
justifié, car le bois sur pied est un bien-fonds. Le bois sur pied a sou
vent une valeur plus grande que le terrain qui le porte. *
Terminons ici par quelques pensées où se révèlent les sentiments de
Sadi Carnot sur la religion :
« Les hommes attribuent au hasard les événements dont ils ne con
naissent pas les causes. S’ils viennent à deviner ces causes, le hasard
disparaît. Dire qu’une chose est arrivée par hasard, c’est dire que nous
n’avons pas pu la prévoir. Je ne crois même pas que l’on puisse donner
à ce mot une autre acception. Ce qui est hasard pour un homme igno
rant peut n’être pas hasard pour un homme plus instruit.
» Si la raison humaine est incapable de démêler les mystères de la
Divinité, pourquoi celle-ci ne l’a-t-elle pas formée plus clairvoyante?
» Dieu ne saurait punir l’homme de n’avoir pas cru, lorsqu’il aurait
pu si aisément l’éclairer et le convaincre.
» Pourquoi Dieu, s’il est souverainement bon, punirait-il le pécheur
pendant l’éternité, puisqu’il ne s’agit ni de le ramener au Bien, ni de
faire un exemple?
» D’après la doctrine de l’Église, Dieu ressemblerait au spbynx,
proposant des énigmes et dévorant ceux qui ne pourraient les deviner.
» L’Église attribue à Dieu toutes les passions humaines : la colère,
le désir de la vengeance, la curiosité, la tyrannie, la partialité, la
paresse.