SUR LA PUISSANCE MOTRICE DU FEU.
9
également donnée. On dispose, par exemple, d’un corps A, maintenu
à la température ioo degrés, et d’un autre corps B, maintenu 'a la
température о degré, et l’on demande quelle quantité de puissance
motrice peut naître par le transport d’une portion donnée de calo
rique (par exemple, celle qui est nécessaire pour fondre un kilo
gramme de glace) du premier de ces corps au second; on demande
si cette quantité de puissance motrice est nécessairement limitée, si
elle varie avec la substance employée à la réaliser, si la vapeur d’eau
offre à cet égard plus ou moins d’avantage que la vapeur d’alcool, de
mercure, qu’un gaz permanent ou que toute autre substance.
Nous essayerons de résoudre ces questions en faisant usage des
notions précédemment établies.
On a remarqué plus haut ce fait évident par lui-même, ou qui du
moins devient sensible dès que l’on réfléchit aux changements de vo
lume occasionnés par la chaleur : partout où il existe une différence de
température, il peut y avoir production de puissance motrice. Réciproque
ment, partout où l’on peut consommer de cette puissance, il est pos
sible de faire naître une différence de température, il est possible
d’occasionner une ruptureÙTéquilibre dans le calorique. La percussion,
le frottement des corps ne sont-ils pas en effet des moyens d’élever
leur température, de la faire arriver spontanément à un degré plus
haut que celui des corps environnants, et par conséquent de pro
duire une rupture d’équilibre dans le calorique, là où existait aupara
vant cet équilibre? C’est un fait d’expérience que la température des
fluides gazeux s’élève par la compression et s’abaisse par la raréfac
tion. Voilà un moyen certain de changer la température des corps et
de rompre l’équilibre du calorique autant de fois qu’on le voudra avec
la même substance. La vapeur d’eau, employée d’une manière inverse
de celle où on l’emploie dans les machines à vapeur, peut aussi être
regardée comme un moyen de rompre l’équilibre du calorique. Pour
s’en convaincre, il suffit de réfléchir attentivement à la manière dont se
développe la puissance motrice par l’action de la chaleur sur la vapeur
d’eau. Concevons deux corps, A et B, entretenus chacun à une tempé
rature constante, celle de A étant plus élevée que celle de B : ces deux
corps, auxquels on peut donner ou enlever de la chaleur sans faire
varier leur température, feront les fonctions de deux réservoirs indé-