38
REFLEXIONS
corps A maintenu à ioo degrés à un corps B maintenu à 5o degrés
doit donner naissance à une quantité de puissance motrice égale à celle
qui serait développée par le transport du môme calorique, d’un
corps B maintenu à 5o degrés à un corps C maintenu a zéro. Une pa
reille loi serait sans doute fort remarquable, mais on ne voit pas de
motifs suffisants pour l’admettre à priori. Nous allons discuter sa réa
lité par des raisonnements rigoureux.
Imaginons que les opérations décrites page 21 soient exécutées suc
cessivement sur deux quantités d’air atmosphérique égales en poids et
en volume, mais prises à des températures différentes; supposons en
outre les différences de degré entre ces corps A et B égales de part
et d’autre : ainsi ces corps auront, par exemple, dans l’un des cas,
les températures ioo° et ioo° — h (h étant infiniment petit), et, dans
l’autre, i° et i°— h. La quantité de puissance motrice produite est
dans chaque cas la différence entre celle que fournit le gaz par sa dila
tation et celle dont il nécessite l’emploi pour revenir à son volume pri
mitif. Or cette différence est ici, comme on peut s’en assurer par un
raisonnement simple que nous ne croyons pas nécessaire de détailler,
la même dans l’un et l’autre cas : ainsi la puissance motrice produite
est la même.
Comparons maintenant entre elles les quantités de chaleur em
ployées dans les deux cas. Dans le premier, la quantité de chaleur
employée est celle que le corps A fournit à l’air pour le maintenir à la
température 100 degrés pendant son expansion; dans le second, c’est
la quantité de chaleur que ce même corps doit lui fournir pour main
tenir sa température à 1 degré pendant un changement de volume ab
solument semblable. Si ces deux quantités de chaleur étaient égales
entre elles, il en résulterait évidemment la loi que nous avons d’abord
supposée. Mais rien ne prouve qu’il en soit ainsi ; on va même voir que
ces quantités de chaleur sont inégales.
L’air, que nous supposerons d’abord occuper l’espace abcd (fig. 2)
et se trouver à la température 1 degré, peut être amené à occuper l’es
pace abef et à acquérir la température 100 degrés par deux moyens
différents :
i° On peut l’échauffer d’abord sans faire varier son volume, puis le
dilater en maintenant sa température à un degré constant;