32
REFLEXIONS
Les corps liquides sont absolument dans le même cas ; les mêmes
raisons peuvent être données pour rejeter leur emploi (*).
Nous ne parlons pas ici des difficultés pratiques : elles seraient sans
nombre. Les mouvements produits par la dilatation et la compression
des corps solides ou liquides ne pourraient être que fort petits; on se
verrait forcé, pour leur donner de l’extension, de faire usage de méca
nismes compliqués; il faudrait employer des matériaux de la plus
grande force pour transmettre des pressions énormes; enfin les opéra
tions successives s’exécuteraient avec beaucoup de lenteur, comparées
à celles de la machine à feu ordinaire, de sorte que des appareils de
grandes dimensions et d’un prix considérable ne produiraient en somme
que de médiocres effets.
Les fluides élastiques, gaz ou vapeurs, sont les véritables instru
ments appropriés au développement de la puissance motrice de la cha
leur; ils réunissent toutes les conditions nécessaires pour bien remplir
cet emploi : ils sont faciles à comprimer ; ils jouissent de la faculté de
se distendre presque infiniment ; les variations de volume occasionnent
chez eux de grands changements de température ; enfin ils sont très-
mobiles, faciles à échauffer et à refroidir promptement, faciles à trans
porter d’un lieu à un autre, ce qui donne la faculté de leur faire pro
duire rapidement les effets que l’on attend d’eux.
On peut aisément concevoir une foule de machines propres à déve
lopper la puissance motrice de la chaleur par l’emploi des fluides élas
tiques ; mais, de quelque manière que l’on s’y prenne, il ne faut pas
perdre de vue les principes suivants :
i° La température du fluide doit être portée d’ahord au degré le plus
élevé possible, afin d’obtenir une grande chute de calorique, et par
suite une grande production de puissance motrice.
2° Par la même raison, le refroidissement doit être porté aussi loin
que possible.
3° Il faut faire en sorte que le passage du fluide élastique de la tem
pérature la plus élevée 'a la température la plus basse soit dû à l’exten-
(' ) Des expériences récentes de M. QErstedt, sur la compressibilité de l’eau, ont fait voir
que, pour une pression de 5 atmosphères, la température de ce liquide n’éprouvait pas de
changement appréciable. (Voir Annales cle Chimie et de Physique, février 1823, p. 192.)