SUR LA. PUISSANCE MOTRICE DU FEU. 6l
de volume de l’air ne l’eût, pas fait arriver à une pression moindre que
la pression atmosphérique.
5° Un des inconvénients les plus graves de la vapeur est de ne pou
voir pas être prise à de hautes températures, sans nécessiter l’emploi
de vaisseaux d’une force extraordinaire. Il n’en est pas de même de
l’air, pour lequel il n’existe pas de rapport nécessaire entre la force
élastique et la température. L’air semblerait donc plus propre que la
vapeur à réaliser la puissance motrice des chutes du calorique dans les
degrés élevés : peut-être, dans les degrés inférieurs, la vapeur d’eau
est-elle plus convenable. On concevrait même la possibilité de faire
agir la même chaleur successivement sur l’air et sur la vapeur d’eau.
Il suffirait de laisser à l’air, après son emploi, une température élevée,
et, au lieu de le rejeter immédiatement dans l’atmosphère, de lui faire
envelopper une chaudière à vapeur, comme s’il sortait immédiatement
d’un foyer.
L’emploi de l’air atmosphérique au développement de la puissance
motrice de la chaleur présenterait, dans la pratique, des difficultés
très-grandes, mais peut-être pas insurmontables; si l’on parvenait à les
vaincre, il offrirait sans doute une supériorité remarquable sur la
vapeur d’eau (' ).
(') Parmi les tentatives faites pour développer la puissance motrice du feu par l’intermé
diaire de l’air atmosphérique, on doit distinguer celles de MM. Niepce, qui ont eu lieu en
France, il y a plusieurs années, au moyen d’un appareil nommé par les inventeurs pyréolo-
phore. Voici en quoi consistait à peu près cet appareil : c’était un cylindre, muni d’un pis
ton, où l’air atmosphérique était introduit à la densité ordinaire. On y projetait une matière
très-combustible, réduite à un grand état de ténuité, et qui restait un moment en suspen
sion dans l’air, puis on y mettait le feu. L’inflammation produisait à peu près le même effet
que si le fluide élastique eût été un mélange d’air et de gaz combustible, d’air et d’hydro
gène carboné par exemple; il y avait une sorte d’explosion et une dilatation subite du fluide
élastique, dilatation que l’on mettait à profit en la faisant agir tout entière contre le piston.
Celui-ci prenait un mouvement d’une amplitude quelconque, et la puissance motrice se trou
vait ainsi réalisée. Rien n’empêchait ensuite de renouveler l’air et de recommencer une opé
ration semblable à la première.
Cette machine, fort ingénieuse, et intéressante surtout par la nouveauté de son principe,
péchait par un point capital : la matière dont on faisait usage comme combustible (c’était
la poussière de lycopode, employée à produire des flammes sur nos théâtres) était trop chère
pour que tout avantage ne disparût pas par cette cause; et malheureusement il était difficile