SUR SADI CARNOT. 79
trielle, formée d’anciens élèves de l’École, dans un but d’études en com
mun; après i83o, il fit partie de VAssociation polytechnique, formée
aussi d’anciens élèves dans un but de propagation populaire des con
naissances utiles. Cette Association avait pour président M. de Choiseul-
Praslin, pour vice-présidents MM. de Tracy, Auguste Comte, etc.
Cependant, les espérances de la démocratie paraissant ajournées,
Sadi se confina de nouveau dans l’étude, et poursuivit ses travaux de
science, avec une activité d’autant plus grande qu’il reportait sur eux
toute l’ardeur politique refoulée au fond de son âme. Il entreprît des
recherches approfondies sur les propriétés physiques des gaz et des
vapeurs, et notamment sur leurs tensions élastiques. Malheureusement
les tables qu’il dressait, d’après ses expériences comparatives, sont
demeurées incomplètes ; mais heureusement aussi les beaux travaux de
Victor Régnault, si remarquables par leur précision, ont comblé sur
ce point de la Science les lacunes que Sadi Carnot avait lui-même
reconnues.
L’application excessive à laquelle il se livrait le rendit malade vers
la fin de juin i832. Momentanément rétabli, il écrivait gaiement à l’un
de ses amis qui lui avait adressé plusieurs lettres :
« Mon retard, cette fois, n’est pas sans excuse. J’ai été malade long
temps et d’une manière fatigante. J’ai eu une inflammation de gorge,
suivie d’une fièvre scarlatine (sachez, si vous pouvez, ce que c’est que
ce vilain mal). 11 m’a fallu passer douze jours au lit sans sommeil,
sans nourriture, sans occupation quelconque, me récréant avec des
sangsues, de la tisane, des lavements, et autres joujoux sortant de la
même boutique. Ce petit divertissement n’est pas encore terminé «
car je suis extrêmement faible. »
Cette lettre est de la fin de juillet.
Il y eut rechute, puis fièvre cérébrale; puis enfin, à peine remis de
tant de secousses, qui l’avaient épuisé moralement et physiquement.
Sadi fut enlevé en quelques heures, le 24 août i832, par une attaque
de choléra. Dans les derniers temps, et comme par un sinistre pressen
timent, il s’était beaucoup occupé de l’épidémie régnante; il en avait
suivi la marche avec l’attention et la pénétration qu’il apportait à toute
chose.
Sadi Carnot est mort dans toute la force de l’âge, au seuil d’une
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