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Les erreurs éventuelles résiduelles de la prise de vue mesurées et éliminées, il serait
efficace de pouvoir aussi tester les machines de restitution à l’aide de clichés aériens du poly
gone expérimental. Il n’est pas un réseau optique de réglage qui puisse rivaliser avec de tels
clichés. Les procédés et les méthodes eux-mêmes, que nous savons très évolutifs, seraient
bien plus rapidement et sûrement mis au point sur des couples comportant de nombreux repè
res spatiaux, de position parfaitement connue. Ainsi, à l’achèvement des travaux expérimen
taux faits pour l’établissement des premières tolérances, succédera l’usage permanent du po
lygone étalon de photogrammétrie aérienne.
Choix de l’emplacement du polygone
Le choix de l’emplacement du polygone expérimental a été commandé par les divers
impératifs de ce programme. Ce polygone national, qui doit pouvoir être utilisé en vol en tou
tes saisons de l’année, ne peut se situer que dans le Sud de la France, dans une région d’enso
leillement fréquent. Ce qui élimine tout le nord du 45° parallèle. La diversité des reliefs qu’il
doit comprendre a pour but d’étudier des travaux dans des régions de plaines ou plateaux, de
collines et de montagnes. Les contrastes photographiques présentés par le sol ne doivent pas
être excessifs afin de ne pas nuire aux identifications des repères : ceci élimine les côtes de
Provence.
Les repères, devant être visibles en toute saison, ne peuvent se détacher sur le tapis
du sol de teinte variable; ils doivent être composés de deux parties, l’une faisant contraste
photographique sur l’autre, le paysage naturel avoisinant étant de tonalité neutre par rapport à
elles. La permanence de l’usage de ce polygone durant des années conduit à réaliser des repè
res de parfaite conservation. Ceci élimine les régions de structures évolutives du territoire,
soit à cause des cultures, soit à cause des constructions, comme la côte d’Azur. La réparti
tion territoriale des repères, leurs éloignements mutuels, les dimensions du polygone et la
taille des signaux doivent garantir une précision certaine et ponctuelle sur des clichés à échelle
définie. La triangulation doit pouvoir être facile afin que les déterminations géométriques des
repères soient parfaites.
Enfin, il a fallu que le polygone se situe dans une zône où une triangulation complémen
taire et cadastrale soit à établir, pour qu’une partie au moins des dépenses publiques investies
dans cette oeuvre soit immédiatement amortie dans un travail économiquement utile.
Une prospection très poussée a été nécessaire, avec des vols de reconnaissance à
basse altitude, pour concilier toutes ces exigences. Finalement, on a choisi pour les études
photogrammétriques à grande échelle, une zone de 7 km x 4 km dans la région du MINER VOIS;
elle s’étend au Nord de Carcassonne, au Nord Ouest de Lézignan, vers les pentes du Massif de
la Montagne Noire. Très exactement, le grand axe de ce rectangle est orienté du Sud-Est ou
Nord-Ouest (azimut 315° - 135° environ) et passe par les villages de Pépieux, Siran et l’Abeu-
radou.
La région est très éventée car, au Sud, la vallée de l’Aude, est largement ouverte
d’Ouest en Est, entre les contreforts pyrénéens et la Montagne Noire et le Massif des Cévennes.
Le climat est méditerranéen, donc fortement ensoleillé.
La partie Sud du polygone est un plateau faiblement incliné planté de vignobles réputés.
La partie centrale, qui est la plus étendue, est une région calcaire de causses , généralement
incultes, garrigues couvertes de courts buissons. La partie nord est montagneuse, plus boisée
et coupée de combes profondes. Dans l’ensemble le polygone s’élève au Sud-Est, à l’altitude
86 m. , vers le Nord-Ouest, où l’on atteint la cote 620 m. Le parcours en est aisé vers le Sud,
mais difficile dans la zone montagneuse Nord. Partout la visibilité est excellente et permet un
réseau de triangulation idéal.