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Variations brusques de la physionomie du pays - Les dislocations internes ont quelquefois
des composantes verticales assez fortes pour que l’allure du pays, liée à la nature des terrains,
change brusquement de part et d’autre des lignes d’accidents. Le phénomène est très net au Sud
de la Petite Kabylie, lorsqu’on franchit la transversale de Collo : d’un côté, dominent les for
mations miocènes ou pliocènes; de l’autre, un ensemble complexe de Crétacé et Nummulitique.
Anticlinaux parallèles aux décrochements - De telles structures transversales, parallèles
aux grandes discontinuités du socle, sont peut-être l’élément le plus typique des anomalies as
sociées à ce que je crois être des zones de cisaillement (fig. 4 et 7). On en rencontre partout
en Algérie; citons, par exemple, les plis avoisinant Châteaudun du Ehumel, l’aire anticlinale
située au Sud de Médéa, le Djebel Malah à 100 km au Sud-Ouest de Mascara, etc . . Il n’y a
pas lieu, ici, de rechercher une relation génétique entre plis de surface et décrochements pa
rallèles du bâti. Mais je signale qu’une telle association semble réalisée en dehors de l’Afrique,
en Californie notamment : les anticlinaux pétrolifères des environs de Los-Angeles (axe New-
port-Ingle wood) sont très probablement superposés à une zone de décrochement profonde, pa -
rallèle à la direction des plis (7).
Structures transversales de style "extrusif" - Dans quelques cas, les transversales sont
jalonnées par des plis assez complexes et faillés, plis allongés dans le sens des accidents in
ternes et comme ayant jailli de la profondeur. Le terme qui convient est celui d’ "extrusion" .
De beaux exemples sont fournis par les chaînons des Azerou, dans les Bibans, au Sud du Djur-
djura (8).
Injections horizontales de matériau plastique. Charriages - Parmi les anomalies transver
sales de l’Afrique du Nord, les plus curieuses (et les plus compliquées aussi) résultent de
poussées parallèles aux cassures du tréfonds. Il peut s’agir de la pénétration horizontale, entre
les strates plus ou moins redressées d’une série sédimentaire, d’un matériau plastique tel que
des argiles à gypse. J’ai observé le phénomène à diverses reprises dans les confins algéro-
tunisiens où il peut atteindre une ampleur de plusieurs km.
Mais il existe aussi de véritables charriages (fig. 5), caractérisés par l’étroitesse de
Fig. 5 - Deux charriages récents d'Algérie, en relation avec des cisaillesments
internes.
Le charriage I - qui a entraîné un complexe de nappes tectoniques - est situé au
Sud-Ouest d'Alger ; le charriage II, beaucoup plus simple, se trouve dans le Cons-
tantinois oriental . Le schéma III montre l'association entre de tels charriages
transversaux (CH) et des cisaillements internes (xx 1 ) décalant les repères structu
raux : par exemple, le prolongement d'un fossé R se retrouve en R'.