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Commission VII
Géomorphologie littorale et Océanographie
LA PHOTOGRAPHIE AÉRIENNE
ET L'ÉTUDE DES DÉPÔTS PRËLITTORAUX
Albert CLOS-ARCEDUC, Ingénieur en Chef Géographe
Institut Géographique National, Paris
INTRODUCTION
L'examen systématique des photographies aériennes prises par les avions de l'Institut
Géographique National a conduit à constater que les structures prélittorales y sont visibles
jusqu'à une profondeur qui peut atteindre 30M. De plus, les reflets de ciel ou de soleil rendent
souvent apparent le tracé des crêtes de houle. Le service de la documentation technique s'est
ainsi trouvé conduit à constituer une collection de vues commentées pour l'étude des formes
littorales et prélittorales.
La difficulté a commencé au commentaire. Celui-ci doit, en trois lignes, expliquer la
structure constatée : le peu de place disponible exige une explication précise. L'étendue des
couvertures aériennes disponibles, qui concernent les côtes d'Afrique et de Madagascar aussi
bien que celles de France, a permis une ample moisson de formes auxquelles les théories for
mulées par des auteurs parfois récents ne s'appliquaient pas toujours.
Nous ne citerons qu'un cas. On peut sans doute expliquer certains cordons prélittoraux
par une élévation du niveau marin transformant en cordon littoral un cordon prélittoral (1) .
Mais cette explication ne saurait valoir pour le cordon triple du They de la Gracieuse, lequel
suit fidèlement le bord d'un rivage sableux en voie de recul. Celui-ci s'est en vingt ans (1942 -
62) déplacé vers le N-O de près de 200 m : un cordon formé par submersion ne l'eût pas suivi.
Au reste, le cas n'est pas isolé : les vues aériennes nous révèlent de nombreuses apparences
peu ou point connues jusqu'à ce que nous appellerons l'âge des couvertures aériennes totales,
qui a commencé, pour la France, en 1952.
La zone mal connue est la zone prélittorale ; les formes littorales ont fait l'objet d'études
nombreuses, et certaines formes prélittorales ont été vues sur photographies aériennes à
l'occasion de ces travaux.
Ce qui va suivre est le résultat d'une tentative pour expliquer un certain nombre de
structures côtières à partir des photographies aériennes, en s'astreignant à n'invoquer par ail
leurs que la mécanique classique, quelques théorèmes bien connus des hydrographes, ainsi que
le résultat de vérifications expérimentales faites en laboratoire ou sur place.
Les photographies verticales rendant visibles à la fois les formes prélittorales, le tracé
du rivage et la position des crêtes de houle, on les a utilisées pour essayer de relier les struc
tures alluviales à l'état oscillatoire de l'eau. Le premier cas étudié a été celui des rivages
alluviaux eux-même s.
(1) ZENKOVITCH. Fondements principaux d'une théorie sur la formation des formes d'accumu
lation dans la zone littorale. (Cahiers océanographiques, XII, 3 Mars 1960).