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Le schéma de la figure 8 montre la marche du phénomène de formation d'un tombolo en
fonction des interférences d'une houle réfractée.
Les conditions de formation d'une queue de comète existent derrière l'flot qui provoque
réfraction et interférences. En règle générale, elle ne peut se former au début, faute d'allu-
vions disponibles.
Sur la côte Est de Madagascar, un jeu d'interférences analogue a provoqué, derrière
l'fle Sainte Marie (X 40 - X 42 - Nos 15-16 et W 39- W 42, Nos 1, 2, 3, 57 à 61) la formation
d'une pointe triangulaire qui compte parmi les plus grandes du monde. On peut y voir nettement
le tracé des rivages successifs, depuis le début de sa formation.
Dans ces deux cas, les ondes proviennent d'une même houle réfractée. Leur période
est la même, ainsi que leur longueur d'onde pour une même profondeur. Il en résulte la possi
bilité d'une interférence au sens optique du terme et l'existence de lignes nodales là où la ren
contre a lieu en antiphase.
On peut observer les tombolos dans des bassins de faible étendue, tels que des golfes
étroits, où l'influence des vents devient secondaire, par exemple la rivière du Faou, mission
Le Conquet-Carhaix 1961, numéros 364-365.
Ces structures, de petite dimension mais de dessin très net, ne peuvent provenir ni de
houles, pratiquement négligeables, ni de régimes de vents différents sur leurs deux faces. Leurs
petites dimensions s'y opposent.
Nous sommes amenés à conclure que les tombolos et cordons de la rivière du Faou
matérialisent les lignes nodales d'une seiche de baie, sans pouvoir préciser l'origine de celle-ci.
Les exemples de pointes triangulaires ne sont pas très fréquents en mer : l'interférence
qui peut les produire étant le plus souvent causée par la présence d'une fie ou d'un haut-fond
rocheux, l'aboutissement normal est le tombolo. La pointe n'est observable que dans le cas
d'une évolution en cours (pointe Est de la baie de Tamatave et surtout Pointe à Larrée, à l'Ouest
de l'fle Sainte-Marie ).
Un exemple très curieux de pointes sous-marines se rencontre sur la côte algérienne ,
à l'Est de l'embouchure de l'Oued Damous (figure 6.). On voit, sur cette photographie, se
succéder des pointes dont la plus grande est prolongée par un cordon très fin. Le maintien de
ces formes suppose une faiblesse relative de la houle par rapport à la seiche transverse. C'est
ce qui explique leur rareté sur des rivages marins non protégés.
b) Formes des étangs côtiers méditerranéens
La profondeur des étangs côtiers du Languedoc est faible, et assez constante pour un
même étang. La longueur des ondes qui s'y propagent est en général limitée, du fait de ces
faibles profondeurs. Le phénomène le plus fréquent y est la fermeture de golfes par formation
de cordons sur la ligne nodale qui se trouve généralement au voisinage de leur entrée. Leur
étendue et leur position en bord de mer font qu'ils offrent au vent une course suffisante pour
produire des houles appréciables et assez régulières.
La figure 7, relative à l'étang de Sigean, montre la formation d'une digue de golfe. On
remarquera la forme particulière de la flèche de fermeture visible sur la figure 7 : sa base
est élargie près du bord Nord.
Cette forme était aussi celle des flèches marines de l'oued Damous. Il est intéressant
d'en discerner les causes.
Soit (figure 8) une ligne nodale normale à un rivage, et admettons que, dans la partie
A B C D , le fond varie linéairement de lm à 4 m. depuis le bord A B jusqu'à D C . La ligne
nodale équivaut à la rencontre en I de deux ondes, l'une de sens C I, l'autre de sens D I . Nous
supposerons ces deux ondes rectilignes dans les fonds de 4 m ; elles y sont parallèles à I J .