Full text: National reports (Part 2)

Commission VII 
Photo-interprétation et Sciences humaines 
LES PÊCHERIES AKADJAS DU LAC NOKOUÉ (DAHOMEY) 
Jean HURAULT, Ingénieur en Chef Géographe 
Institut Géographique National, Paris 
Introduction - Le lac Nokoué et les pêcheries akadjas 
Le lac Nokoué et la lagune de Porto-Novo se sont formés aux estuaires des fleuves 
Ouémé et So, sous l’effet du développement d’un cordon littoral large de 5 à 10 km que les cou 
rants marins ne cessent d’accroitre. Le lac Nokoué, qui reçoit les eaux du So, a 150 km2; la 
lagune de Porto-Novo, à l’estuaire de l’Ouémé, a une surface beaucoup plus réduite (30 km2). 
Les deux lagunes sont reliées par le chenal naturel des Aguégué. 
Le lac Nokoué est relié à la mer par le chenal de Cotonou, que la sédimentation sableu 
se tend à fermer, mais qui s’ouvre périodiquement sous l’effet des tempêtes. Cette alternance 
d’isolement et de communication directe avec la mer, joint à l’effet des crues annuelles des 
deux fleuves, provoque dans les lagunes des variations très importantes de la salinité; cette 
circonstance a des effets très favorables sur la pêche, en ne permettant le développement que 
d’un certain nombre d’espèces de poissons qui ne comportent pas de prédateurs. 
Les conditions écologiques locales (profondeur, nature du fond, température, salinité), 
sont exceptionnellement favorables au développement des poissons. Les études effectuées par 
le Service des Eaux et Forêts du Dahomey ont mis en évidence l’importance du lac Nokoué et de 
la lagune de Porto-Novo dans l’alimentation en poisson des populations du Sud-Dahomey. La 
production est évaluée à 15.000 tonnes par an, dont environ 10.000 tonnes pour le seul lac No 
koué. Elle est en partie exportée au Togo et en Nigéria. 
La population riveraine du lac Nokoué est évaluée à 40.000 personnes, vivant presque 
exclusivement de la pêche, car dans toute cette région, à l’exception de quelques bourrelets et 
bancs de sable émergeant d’un à deux mètres, il n’existe nulle part de sol cultivable. La basse 
plaine développée par les alluvions du So et de l’Ouémé n’est qu’à quelques dizaines de centimè 
tres au-dessus du niveau des basses eaux, son sol est salé, et elle est marécageuse pendant 
presque toute l’année. Les parties les plus longtemps exondées sont en totalité transformées en 
parc à boeuf. Mais cet élevage est peu développé, car on ne sait comment nourrir les animaux 
pendant l’inondation annuelle qui dure 5 à 6 mois. 
D’importants villages, groupant au total 30.000 personnes, soit plus des deux tiers de 
la population riveraine, sont établies sur la rive N.O., à proximité immédiate des lieux de pê 
che, notamment d’une zone de vasières favorable au creusement de fossés à poissons, et d’une 
vaste zone de lagune, de faible profondeur, à fonds vaseux, se prêtant aux procédés de pêche 
les plus efficaces et notamment à l’établissement d’akadjas. Partout ailleurs sur les rives du 
lac il y a trop de fond, ou trop de courant; ce n’est qu’au voisinage du chenal des Aguégué joi 
gnant le lac à la lagune de Porto-Novo, qu’on retrouve des zones favorables à la pêche et des 
villages importants. 
Les pêcheurs du lac Nokoué ne disposent pour la plupart d’aucune terre cultivable et 
achètent la totalité de leur nourriture. Cette forme d’économie s’insère de façon naturelle dans 
l’économie générale du pays, caractérisée, et cela depuis fort longtemps, par un développement 
considérable des échanges et de la circulation monétaire. Même dans les villages de cultiva 
teurs, la plupart des gens vendent immédiatement leur récolte et achètent tout au long de l’année 
leur nourriture au détail. Les pêcheurs du lac Nokoué vivent en symbiose avec les cultivateurs 
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