du plateau, auxquels ils achètent non seulement leur nourriture, mais les branchages pour éta
blir leurs akadjas, le bois de chauffage, et même une partie de leur consommation d’eau pota
ble. Ces handicaps multiples font que leur niveau de vie n’est guère supérieur à celui des agri
culteurs du plateau (1) malgré le rendement élevé de la pêche.
La proximité des lieux de pêche est le souci principal qui a guidé le choix de l’habitat.
Si un village comme So Zounko s’est établi sur une zone de bourrelet de berge sablonneuse,
exondée presque toute l’année, Ganvié et So Tchanwé sont établis sur l’eau, toutes les habita
tions construites sur hauts-pilotis.
La terre ici n’a pas de valeur et ne donne pas lieu à une appropriation nettement défi
nie; par contre la tenure coutumière des eaux a une grande importance dans la pensée des habi
tants et est soumise à des règles précises :
1) Les lacs et les bras morts isolés sont généralement la propriété collective de lignages,
ainsi que les grands canaux creusés dans les vasières.
2) Les fossés à poissons creusés dans les vasières en vue de la pêche à la nasse sont géné
ralement des propriétés individuelles, transmissibles par héritage.
3) Enfin la coutume admet l’appropriation du droit de pêche sur des portions de la lagune,
par la création de dispositifs de pêche particuliers, les akadjas.
Le nombre très élevé de ces dispositifs et leur dissémination ont empêché jusqu’ici
toute évaluation directe de leur surface et de leur production. Dans la présente note, nous pré
ciserons les données que l’on peut tirer de l’interprétation des photographies aériennes, combi
nées avec les données malheureusement fragmentaires obtenues par l’enquête sur le terrain.
Nous montrerons que si ce moyen d’investigation ne peut donner une solution complète du pro
blème, il peut cependant fournir une limite supérieure du nombre des akadjas en service et de
leur production totale annuelle; la comparaison de photographies prises à plusieurs années d’in
tervalle met d’autre part en évidence une modification récente du système, et donne d’intéres
santes indications sur l’évolution du droit coutumier.
LE PROBLEME DU DENOMBREMENT DES AKADJAS
Les divers types d’akadjas. L’akadja est un fourré artificiel constitué par des branchages
fichés dans la vase. Le poisson vient s’y réfugier, parce qu’il y trouve une eau plus fraiche et
une nourriture plus abondante. Les importantes études effectuées par le Service des Eaux et
Forêts du Dahomey de 1956 à 1959 (2) ont montré que l’akadja n’est pas seulement un piège,
mais une frayère. Non seulement il ne dépeuple pas les eaux du lac, mais il contribue efficace
ment au développement des poissons, notamment des tilapia. Ces propriétés, remarquées em
piriquement par les pêcheurs, ont conduit à un développement considérable des akadjas, dans
les parties du lac Nokoué présentant les conditions favorables à leur établissement :
- Profondeur faible (0,5 m. à 1,80 m. )
- Absence de courant
- Fond de vase; là où la sédimentation sableuse domine, on ne peut établir
d’akadja.
La carte au 1/60.000 "dispositif de pêche sur le lac Nokoué", établie à l’aide des pho
tographies aériennes et donnée en annexe à la présente étude, montre que les akadjas sont grou
pés en presque totalité à proximité de la rive, dans des zones ne représentant pas la dixième
partie de la surface totale du lac, principalement au N. O. et à l’Est. Au Sud, là où se fait sen
tir le courant de marée du chenal de Cotonou, on n’en rencontre aucun, mais par contre on
trouve de grands barrages à nasses, destinés principalement à la pêche aux crevettes. Ces
(1) Ceci pour les villages de la partie Nord-Ouest du lac. Les villages de la partie orientale,
qui disposent de terres cultivables, témoignent au contraire d’un niveau de vie élevée.
(2) Les photographies récentes témoignent d’une évolution que nous exposerons ci-dessous.
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