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1?- un manque d'information : la majorité des architectes et conservateurs des monu -
ments, dans le monde, ignorent totalement l'existence des méthodes photogrammétriques. Il
serait donc indispensable de les leur faire connaftre, dans les revues qui leur sont destinées et
surtout au cours de leurs études ;
2°- un enseignement insuffisant ; encore n'existe-t-il actuellement qu'à un niveau élevé,
celui de l'enseignement supérieur, et est-il trés limité, par le nombre de centres oü il est dis-
pensé et par l'importance qui lui est accordée. Une formation photogrammétrique beaucoup plus
répandue et beaucoup plus compléte s'impose.
3°- une adaptation encore imparfaite des méthodes et des matériels photogrammétriques
aux besoins réels et variés de l'architecture. Photogrammètres et spécialistes de l'architecture
en sont sans doute également responsables par un manque de collaboration et d'échanges de vues,
Il faut développer les contacts entre les uns et les autres, soit à l'occasion de réunions spécia-
lement organisées dans ce but, soit plus encore au cours du travail de chaque jour. En réalité,
l'architecte doit devenir quelque peu photogrammètre (certains même le sont devenus pleinement)
et le photogrammètre doit acquérir une indispensable spécialisation dans le domaine des travaux
d'architecture.
Ces trois constatations sont évidemment étroitement liées. Nous pensons cependant qu'el-
les perdent progressivement leur acuité et que le bilan établi dans ce rapport est très positif. Le
développement des travaux, la création d'organismes nouveaux, l'adoption récente des méthodes
photogrammétriques par les services architecturaux de plusieurs pays, la mise au point de ma-
tériels mieux adaptés, l'extension des applications, les progrès de l'enseignement, la multipli-
cation des publications augurent bien de l'avenir de la photogrammétrie architecturale. Les ins-
tances internationales chargées de la protection des biens culturels de l'humanité ont mainte -
nant pris conscience de l'intérêt et des possibilités de ces méthodes. L'UNESCO, à la suite de
la démonstration éclatante apportée par les relevés photogrammétriques en Nubie, s'efforce
d'en répandre l'emploi. Et en 1965, sur proposition de l'Inspecteur Génér 1 F. Sorlin, le Comi-
té des Conseillers Techniques du Conseil de l'Europe a adopté une recommandation à l'intention
du Comité des Ministres, mettant l'accent sur la nécessité d'utiliser activement la photogram-
métrie pour l'inventaire du patrimoine monumental européen. Cette thèse a été reprise par le
Conseil de la Coopération Culturelle lors de sa réunion à Vienne, en octobre 1965.
Il reste à souhaiter que ces mêmes organisations internationales lancent une campagne
en faveur des archives photogrammétriques des monuments historiques, archives de sécurité
qui, d'une part entrent parfaitement dans les dispositions de la Convention de La Haye sur la
protection du patrimoine culturel mondial en cas de conflit armé (convention à laquelle l'UNESCO
attache beaucoup d'importance) et, d'autre part, sans envisager des risques de destruction aussi
massive, permettraient une étude plus scientifique de monuments que n'épargnent ni le temps, ni
la civilisation moderne et donneraient toute garantie pour d'éventuelles restaurations (*).
Au Congrès International de Photogrammétrie réuni à Washington en 1952, P. Belfiore
proposait la constitution d'archives photogrammétriques internationales des monuments histori-
ques et en définissait les caractéristiques. Constatant les importants progrès réalisés depuis
seize ans, nous pensons que cette idée est plus mûre aujourd'hui et que ce vœu doit être réalisé.
(février 1968)
(*) Le Comité International d'Histoire de l'Art, lors de son colloque sur "les responsabilités de
l'historien dans la conservation et la restauration des monuments et des oeuvres d'art' (Venise,
19-21 juin 1967) a recommandé la constitution d'archives photogrammétriques.