HISTORICAL EXHIBITION
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Wetzlar, avait utilisé les photographies pour lever les plans de cet édifice. En 1867
Madenbauer, venu à Paris pour visiter l’Exposition, vit le grand plan de Faverges au
Champ de Mars. Dès son retour en Allemagne il entra en relations avec le grand état
major de l’armée. Un premier essai de levé de terrain suivant la méthode de Laussedat,
d’une superficie de 50 hectares, à l’échelle du lO.OOOème, fut exécuté en 1867 à
Freiburg en Silésie, et un deuxième l’année suivante à Sarrelouis. La photographie fut
utilisée par l’armée allemande pendant la guerre de 1870 lors du siège de Strasbourg.
Le détachement photographique était placé sous les ordres d’un capitaine du Génie qui
avait assisté aux expériences de Madenbauer. C’est Madenbauer qui donna au procédé
de levés de plan à l’aide de photographies le nom de ,,Photogrammétrie”.
En Italie Porro, professeur de géodésie à l’Institut Géographique Militaire, fut
un précurseur génial. Il avait rencontré Laussedat à Paris alors qu’il y occupait un poste
d’attaché militaire, et savait les difficultés dues au faible champ et à la distorsion des
objectifs. Porro, pour éliminer ces inconvénients, imagina en 1853 une chambre photo
graphique dont l’objectif était formé de diopres sphériques concentriques et dans lequel
la surface sensible, au lieu d’être plane, était une calotte sphérique concave de même
centre que l’objectif. Le champ de prise de vue n’était plus limité que par des considé
rations mécaniques, la distorsion était complètement éliminée, et la netteté des images
obtenues permettait de réduire considérablement la focale. Celle-ci pouvait être amenée
à 6 cms environ au lieu de 50 cms de la chambre photographique de Laussedat. L’image
enregistrée sur une surface courbe ne se prêtait pas aux mesures linéaires qui permet
taient à Laussedat de déterminer les angles d’azimut et de site des points du paysage
photographié. Pour obtenir ces angles Porro imagina de les mesurer directement à
l’aide d’une lunette de visée, mobile autour d’un axe horizontal et d’un axe vertical,
passant par le centre de l’objectif. Une règle solidaire des déplacements angulaires
autour de l’axe vertical permettait de tracer sur une planchette les directions azimutales.
Dans une variante de réalisation de l’appareil, la lunette éait fixe, ce qui facilitait
l’observation et l’image était mobile autour de deux axes rectangulaires. Laussedat
critiqua parfois avec une certaine ironie les idées de Porro, la complexité de ses
appareils et la recherche d’une précision qui dépassait selon lui le but à atteindre.
L’avenir sur ce point donna tort à Laussedat. L’examen direct des images à l’aide de
lunettes de visées mobiles autour de leurs points de vue, se retrouve dans un grand
nombre d’appareils modernes de restitution, et la recherche d’une précision de plus en
plus grande a été l’un des facteurs essentiels du développement de la photogrammétrie.
En 1896 Koppe, en Allemagne, mesurait dans son,,Bildmess-theodolit” les angles
d’azimut et de site des divers points d’une image plane en plaçant le cliché dans une
chambre identique à celle de prise de vue, et en l’observant à l’aide d’une lunette de
visée réglée à l’infini. La lunette pivotait autour de la pupille d’émergence de l’objectif
de la chambre, — cette disposition élimine l’influence de la distorsion de l’objectif de
prise de vue. Koppe effectua quelques essais de levés de rochers dans le Harz, puis
quelques levés topographiques dans les Alpes bavaroises et, un peu plus tard, ensuite,
les premières études relatives à la construction du chemin de fer de la Jungfrau.
Toujours pour rémédier aux inconvénients résultant du faibre champ et de la distorsion
des objectifs photographiques, Porro proposa en 1858 une chambre panoramique dans
laquelle la surface sensible était enroulée sur un cylindre vertical et l’objectif mobile
autour de l’axe de celui-ci. Un même dispositif avait d’ailleurs été utilisé par Martins en
1848 pour la prise de daguerréotypes panoramiques. Fait curieux, en cette même
année 1858, le docteur Chevallier brevetait en France sa planchette topographique qui
comportait également un objectif et une fente-obturateur mobile autour d’un axe
vertical. La surface sensible était une plaque horizontale et le panorama complet avait
la forme d’une couronne circulaire. Un autre appareil ingénieux fournissant également
un panorama en forme de couronne circulaire horizontale, est le périgraphe Mangin,