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pinoculaire, notre expérience antérieure, et les données des autres sens, nous font localiser le
« lantasma » avec une précision suifisante pour autant que la distance ne soit pas trop grande.
Mais la différence entre la réalité et l'information reçue apparaît nettement pour les objets
lointains. V. RONCHI cite des exemples connus de tous le monde, et dont une explication
rationnelle n'a cependant pas été donnée jusqu'ici : l'exagération apparente de la pente d'une
route qui remonte le versant d'une vallée, opposé à celui de l'observateur; la « fuite de la mon-
iagne » qu'on observe en circulant rapidement en automobile dans un paysage très acci-
denté, etc. Cf. aussi (12).
On en déduit que le « fantasma » ne coincide suffisamment avec la réalité que dans un
rayon relativement faible autour de l'observateur (de 20 à 30 m, semble-t-il). Mais c'est
précisément dans le cas des objets proches que les idées généralement admises concernant
l'appréciation des distances sont erronées. L'image d'un objet sur la rétine est pratiquement
proportionnelle au rapport de sa dimension transversale réelle à sa distance réelle, et on croit
pouvoir en conclure que, si la dimension est connue, la distance est déduite de la grandeur
de l'image. Or, « quand un objet (proche) bien connu s'approche ou s'éloigne,... on a beau-
coup de mal à constater que l'image rétinienne a changé de dimensions » (5). Cf. aussi (45).
Soit xo la distance réelle de l'objet à l'oeil, et soit xe la distance interprétée. Le rapport
C= Xo : Xp peut servir à mesurer la « contraction apparente » de l'espace visuel. Il est prati-
quement égal à l'unité à l'intérieur d'une sphére de 20 m de rayon (pour autant qu'on puisse
y voir un nombre suffisant d’objets familiers), commence à croître au-delà, toujours plus
vite, et tend vers l’infini pour une valeur finie de xo, qu'on peut interpréter comme « rayon de
la voüte céleste ». Cette voüte n'est pas une sphére, car il est manifeste que son rayon vecteur
varie avec l'angle de hauteur : les variation apparentes du diamètre du Soleil et de la Lune,
ainsi que des écarts angulaires entre les étoiles, montrent cela suffisamment. Il s'agit encore
une fois d'un phénoméne bien connu et fort mal expliqué. Une synthèse de l'état actuel de
cette question et de son développement historique a été faite par A. FIORENTINI (6). Cf.
aussi (13), p. 29.
L'appréciation de la distance se présente tout autrement quand on observe un objet
non familier, en l'absence de toute référence connue. L'étude de ce cas est importante, parce
qu'elle peut aider à comprendre ce qui se passe dans l'observation à travers un instrument, ce
qui nous intéresse directement. C.-O. RoELors et W.-P.-C. ZEEMAN, dans les travaux desquels
le signataire de ces lignes avait déjà trouvé d'utiles éléments pour débrouiller l'exagération
du relief (7), ont continué leurs expériences, tant en vision monoculaire qu'en vision bino-
culaire (8). Les conclusions auxquelles ils avaient abouti dans le premier travail cité (7) sont
en accord avec ce qui est dit ci-dessus, sauf que les distances critiques qu'ils citent (4,5 m
et 26,6 m) sont plutót à considérer comme des ordres de grandeur, et varient sans doute d'un
observateur à l'autre. Dans le second travail (8), on met en évidence les variations d'appré-
cation suivant l'emplacement de l'objet dans le champ visuel.
Ce qui précéde aura mis suffisamment en lumiére la différence entre la réalité objective
et le genre d'information que nous déduisons de notre observation visuelle, et sur la maniére
dont l'étude doit en étre conduite. La théorie de l'information a évidemment son róle à jouer
ici, mais elle ne semble avoir été introduite dans ces questions que tout récemment (9).
La vision colorée doit étre étudiée suivant les mémes principes. Il faut distinguer, dans la
vision des couleurs, l’agent extérieur (la longueur d'onde) et l'effet recu (l'impression subjec-
tive de couleur) (10).
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