CARTES A PETITES ECHELLES, BAUSSART 189
celles-ci sont mises en oeuvre, la séparation du tracé planimétrique et du travail alti-
métrique n'est plus à recommander.
Un probléme important, à la fois trés controversé et d'une évolution rapide, est le
choix du type de l'appareil de restitution à adopter. La majorité des avis s'exprime en
faveur de l'instrument de 2éme ordre, tel que le Poivilliers type D ou de Wild A 8, si l’on
adopte la classification assez arbitraire mais traditionelle des appareils de restitution en
3 ordres. Pour un levé à petite échelle, le souci d'un rendement élevé et d'un prix de
revient moindre conduit en effet à ne pas utiliser des instruments dits de premier ordre
tels que Poivilliers type B ou Zeiss C8, dont la précision est surabondante, puisque la
plupart du temps, le levé est exécuté à une échelle inférieure à celle de l'image plastique,
ce qui réduit l'importance des déformations éventuelles du modéle. En poussant le raison-
nement, il semble y avoir intérét à utiliser des appareils de précision encore plus faible
et par conséquent moins onéreux; encore faut-il distinguer, dans cette catégorie d'instru-
ments dits de troisième ordre, ceux où le constructeur a délibérément renoncé à la recon-
stitution des faisceaux perspectifs et de leur intersection, de ceux où le principe de la
restitution photogrammétrique est conservé et où les simplifications mécaniques ne résul-
tent que d’hypothèses en général vérifiées, telle que la faiblesse de l’inclinaison des axes
de prises de vues: il est en effet essentiel que le restituteur puisse voir stéréoscopique-
ment une grande partie de l’image de son terrain, ce qui lui donne en outre un contrôle
sinon un moyen de basculement de son modèle à partir de considérations topographiques
simples. Les limites d’emploi de tels appareils, dont la simplicité de conception et la faci-
lité d’emploi entraînent à la fois rapidité d’exécution modicité du prix de revient, résul-
tent de la précision parfois insuffisante de l’altimétrie. En ce qui concerne les appareils
à double projection, si les instruments du type Multiplex semblent a priori peu adaptés
à l’exploitation de clichés à petite échelle, plusieurs auteurs font également des réserves
sur le principe même de l’emploi d’anaglyphes, qui ne permettraient pas d’utiliser toute
la finesse d’un cliché, élément d’autant plus indispensable que l'échelle du cliché est petite.
Finalement, il semble que ce sera des exigences altimétriques et de la nature du terrain
que dépendra le choix entre lappareil de deuxiéme ou de troisiéme ordre, mais il est
essentiel que cet appareil permette à la fois d'exploiter toute la finesse ou cliché et d'avoir
une stéréoscopique suffisante du modèle.
La restitution ne pouvant être accompagnée le plus souvent d’un pré ou post-complè-
tement sur le terrain, l’interprétation photographique prend une importance accrue et
doit utiliser les renseignements fournis par le parcours du terrain lors de la prépara-
tion, par les prises de vues complémentaires effectuées à basse altitude (Australie), par
la comparaison de surfaces sensibles différentes (France), par l’examen stéréoscopique
effectué par des spécialistes. Il semble judicieux qu'elle ait lieu avant la restitution.
La cartographie à petite échelle, par voie photogrammétrique, sans recours ni à la
triangulation classique, ni à l'aérocheminement, semble ainsi mise au point depuis peu
de temps, gráce aux progrés récents des objectifs de prise de vues, des instruments de
mesure électronique des distances, des émulsions et du matériel de restitution. I] devrait
en résulter dans les années à venir, une augmentation sensible des surfaces levées dans
le monde. Mais il est permis de considérer dés maintenant que la photogrammétrie a fait
ses preuves comme technique efficace pour le levé à petite échelle: il s'agit là d'une
évolution récente, mais certainement capitale pour l’essor de la cartographie.