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On devine ce que pareille technique apporte aux archéologues, car elle rend inutile tout
sillon de contróle.
Toutefois, l'expérience nous a prouvé que si certaines consiructions du site sacré de Fon-
taine-Valmont (cellae, péribole du temple méridional, enceinte extérieure de l'aire) sont claire-
ment décelées par la photographie aérienne, d'autres (péribole du deuxiéme temple, enceinte
intérieure de l'aire, mur séparant les deux sanctuaires) n'impressionnent en rien la pellicule
photographique. Or ces derniéres substructions ont été découvertes à la méme profondeur que
les premières. Simplement, elles étaient constituées de matériaux moins homogènes (tuileaux,
schistes, pierres calcaires, etc...
Un autre secteur du champ des Castellains fouillé en 1956 et 1959 devait réserver de nou-
velles surprises ! La photographie aérienne permit de détecter dans le champ dit de la Croix de
Pierre, situé sur une pente orientée vers l'ouest de la partie centrale du plateau des Castellains,
une série impressionnante de bátiments formés, en régle générale d'enceintes quadrangulaires
entourant un massif central, en maconnerie (fig 28, pl XVI). La campagne de 1956, malgré une
abondante récolte de matériaux, ne nous apporta aucune conclusion sûre. Il s’agissait évidem-
ment d’un site occupé aux I*" et II* siècles mais dont la nature nous échappait. Les fouilles de
1959 éclaircirent singulièrement le problème : elles mirent au jour un ensemble imposant et
unique de caveaux funéraires entourés chacun d’un enclos, que cernaient des sépultures. Ces
caveaux, solidement construits (l’un d’eux présentait des parois de 2,80 m de hauteur - fig 29,
Pl XVII) étaient surmontés à l’origine de «piliers funéraires» c’est-à-dire de monuments pré-
sentant des thèmes décoratifs superposés : massifs sculptés, colonnes, statues, le tout couronné
d’une pyramide à flancs incurvés. Trois de ces ensembles monumentaux ont été fouillés en 1959.
Toutes les sépultures importantes avaient été pillées (fig 30, pl XVII), sans doute au moment
où les pierres en furent récupérées. Mais les sépultures pauvres, retrouvées nombreuses autour
des enclos, permettent d'assurer la chronologie du site qui s'étend du I*" au III* siécle. Les mo-
numents se dressaient sur le plateau dominant toute la contrée : ils devaient donc étre visibles de
fort loin et marquer ainsi larichesse et la splendeur de ceux qui les avaient élevés. Sans doute
recouvraient-ils les restes des propriétaires des riches villas de la région ou des centres indus-
triels d'exploitation et de manutention de fer, de leur famille, de leurs serviteurs et de leurs es-
claves.
Cette partie du plateau s'allonge du reste à proximité du chemin unissant ces centres in-
dustriels à la Sambre qui semble bien avoir été navigable à cette époque précisément en aval
du gué que traversait cette route(fig 31, pl XVIII).
Murs et monuments semblent avoir été démantelés dans le courant du III* siécle. Les ma-
tériaux ainsi récupérés ont-ils permis d'élever rapidement un fortin en un autre point du champ,
fortin destiné à contribuer à la lutte contre les envahisseurs toujours menagants, au bas-empire ?
L'hypothése peut étre envisagée avec une certaine vraisemblance en s'appuyant sur le nom por-
té par le plateau, le toponyme castellains provenant, sans doute possible, du nom catella donné
aux fortins du Bas-Empire.
Pour ce deuxiéme site également, la photographie aérienne a décelé une partie impor-
tante des substructions conservées, toujours gráce au phénoméne exposé plus haut. Mais il est
évident que des substructions, trop profondément enfouies dans le sol, pour étre touchées par