CHAPITRE VI
LA SCULPTURE DANS LES PAYS-BAS
AU XV e ET AU XVI e SICCLE 1
Importance européenne de la sculpture des Pays-Bas. — On a déjà
exposé, à propos des origines du réalisme, les théories professées jadis
par Courajod sur 1’ « influence flamande » au xiv e et au xv e siècle, et les
atténuations aussi qu'il convient de leur apporter, spécialement en ce
qui concerne l'histoire de la sculpture. Ce ne sont ni les figures élé
gantes comme la Vierge d’Anvers ou la Sainte Catherine de Courtrai, ni
les gisants assez médiocres comme celui de Saint-Pierre d’Anderlecht,
qui peuvent passer pour les prototypes du style robuste et puissant qui
se développa en France dès le temps de Charles V, pour s’y continuer au
xv e siècle. Mais on a vu aussi, d’autre part, quelle fut, dans fart français
de cette époque, la part des ouvriers originaires des Pays-Bas, d’un
Beauneveu ou d’un Sluter. L’art bourguignon en particulier, si original
qu’il soit, si différent de ce que nous allons voir se développer vers la
même époque au sud et au nord de la Meuse, n’en a pas moins incontes
tablement pour origine le travail d’un atelier dont les principaux chefs
sont venus des Pays-Bas.
Notons tout de suite, d’ailleurs, l’insuffisance et l’inexactitude de
l’épithète de flamand, que l’on applique trop souvent à tous les élé
ments d’art septentrionaux comme une qualification générale, sans tenir
compte du particularisme historique des Pays-Bas, dont les Flandres ne
sont qu’une des parties, une des parties les plus actives, il est vrai, et
prépondérantes au point de vue économique et politique, mais non peut-
être cependant dans le domaine qui nous occupe ici. C’est elles qui
étaient entrées d’abord par héritage dans le domaine des ducs de Bour-
1. Par M. Paul Vitry.