Diarra, Lassine
Introduction
Au Mali, à l'instar de plusieurs pays sahéliens, on assiste depuis quelques décennies à une dégradation des ressources
naturelles liées essentiellement à leur mode de gestion. En effet, suite à l'accroissement démographique et du cheptel,
des besoins nouveaux se sont créés. Pour satisfaire les besoins en terres agricoles, des défrichements importants sont
survenus . Le bois restant le principal combustible de l'ensemble de la population, la satisfaction des besoins
énergétiques entraine des prélévements importants dans les foréts environnantes qui au fil des ans ont vu leur densité
baisser de facon alarmante. C'est ainsi que beaucoup de villes et de villages se sont entourés d'un désert ligneux dont
le rayon s'accroit d'année en année, obligeant les citadins à se tourner vers les terroirs environnants pour leur
approvisionnement en bois et aussi pour faire páturer leurs animaux. Parmi ces terroirs figure celui de
N'Tentoukoro. Il subit l'assaut des animaux transhumants venant de diverses localités au nombre de 11642 UBT
sur une superficie de 11876 ha, ce qui entraine un déséquilibre entre les potentialités pastorales du terroir et les
charges réellement appliquées. En saison sèche ,le déficit fourrager est si important que les animaux sont obligés de
quitter le terroir à la recherche de nourriture. En conséquence, les paysans éprouvent d'énormes difficultés pour la
mobilisation de la fumure organique, élément indispensable pour le maintien de la fertilité des sols. Une utilisation
durable des terres de culture n'est donc pas possible. En conséquence, la production agricole et le niveau de fertilité
des sols ont considérablement baissé. Le nombre d'exploitations non autosuffisantes ainsi que les achats de céréales
ont augmenté tandis que les investissements en agriculture diminuaient d'année en année, entrainant les exploitations
dans un cercle vicieux de pauvreté (Fofana et col 1996).
. Pour atténuer cette pauvreté, toutes les exploitations s'adonnent au commerce de bois. Les femmes sont
particuliérement actives dans la commercialisation du bois avec les commergants de Bamako. La pression sur les
ressources ligneuses s'est donc accrue d'année en année, entrainant une dégradation de la végétation qui met en
péril le développement humain.
Pour arréter cette dégradation une gestion durable des ressources pastorales s'avére nécessaire. Celle ci ne pouvant
se faire que sur la base d'une bonne connaissance de l'environnement , divers travaux ont donc été effectués dans le
terroir en vue de confronter les ressources disponibles aux besoins de la population et du cheptel. Il s'agit notamment
de la cartographie de l’occupation des sols , de l’inventaire quantitatif et qualitatif des ressources fourragères, du
suivi de la pression pastorale , de la détermination de la capacité de charge du terroir, de l’inventaire et l’exploitation
des ressources ligneuses .
1. Materiel et méthode
1.1. Localisation du site d’étude
Les recherches ont été faites à N'Tentoukoro (12° 05'033 N ; 07°52' 330 W), village situé dans la commune de
Ouélessébougou, a 80 km au sud de Bamako (Mali).Le climat est sub humide , avec une seule saison des pluies
s’étalant de mai à Octobre et une pluviosité annuelle moyenne de 1026 mm (+161.8). Quant aux moyennes de
températures, elles varient de 31°C en Mai/Juin à 23°C en Janvier.
1.2. Cartographie de la végétation
Les photographies aériennes datant de 1995 ont été utilisées pour la cartographie de la végétation du terroir. La
photo-interprétation a été suivie de travaux de terrain pour la reconnaissance et la description précise des
unités de végétation. Après analyse des données collectées, le logiciel Mapinfo a été utilisé pour dresser la
carte définitive.
1.3. Evaluation de la production fourragère herbacée
En fin septembre, la production fourragère herbacée a été évaluée dans chacune des formations végétales identifiées
dans le terroir. La méthode utilisée pour cette évaluation est celle de l’échantillonnage aléatoire stratifié, décrite
par le C.I.P.E.A (HIERNAUX et COL ‚1984 ; HIERNAUX 1988). Elle consiste à distinguer en fonction de la
densité apparente du tapis herbacé quatre strates: une strate sol nu, , une strate faible où la biomasse est jugée
inférieure à la médiane (strate basse ), une strate moyenne et une strate forte où la biomasse est jugée supérieure
à la situation médiane.
L’extension de chaque strate est mesurée mètre par mètre le long d’un ruban de 100 m. Les observations et mesures
sont faites sur 12 plots de 1 m” repartis de façon aléatoire de telle sorte que la moitié des échantillons se trouvent dans
la strate médiane ou moyenne et un quart dans chacune des strates extrêmes (faible, forte). Avant la récolte le
recouvrement global et spécifique dans la placette a été estimé et la liste des espèces fut dressée. Les échantillons
prélevés sont pesés et séchés pour la détermination du taux de matière sèche. Par la suite les moyennes de biomasse
par strate ainsi que les valeurs de stratification obtenues sont utilisées pour calculer la biomasse moyenne pondérée
du site.
364 International Archives of Photogrammetry and Remote Sensing. Vol. XXXIII, Part B7. Amsterdam 2000.