936 LES PHARES.
jour débarqué sur le roc d'Eddystone, quelqu'un
qui en parlait bien à son aise, fit observer à l’un des
gardiens combien il devait se trouver heureux dans
cette retraite. « Oui, très-heureux, reprit le light-
keeper, si nous pouvions seulement jouir du plaisir
de la conversation ; mais voici un grand mois que
mon compagnon et moi nous n’avons pas soufflé
mot. »
Quoique le goût des choses de la mer soit moins
répandu en France qu’il ne l’est en Angleterre, les
braves et modestes gardiens de nos phares y ont
plus d’un ami. Les vers suivants, dus à un poëte de
talent, M. André Lemoine, en sont une preuve que
nous sommes heureux d’offrir à nos lecteurs, ainsi
qu'à ceux qui les ont inspirés. Puissent-ils, en
lisant ce poélique et cependant sincère tableau de
la vie dans les phares, éprouver tout le plaisir que
nous y avons trouvé nous-mêmes !
En décembre les jours sont de courte durée;
Notre zone brumeuse est à peine éclairée :
A la pointe du Raz, dés quatre heures du soir,
Le soleil tombe en mer, la nuit jette son voile.
Et jusqu'au lendemain pas un rayon d’étoile.
Sur la cote on le flot se brise, tout est noir.