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LES PHARES.
ne voulais plus d'autre nom que celui du compa-
gnon de Robinson Crusoé. Comme lui, n'allais-je pas
d'ailleurs habiter une ile déserte? Je me souviens
très-bien de cet incident. Alors j'étais plein d'espé-
rance.
Le temps était beau, la brise légére. Trois heures
après notre départ, nous atteignimes notre destina-
tion et nous débarquámes sans difficultés. On trans-
porta dans la tour les provisions que contenait la
chaloupe; ceci fait, l'embarcation mit le cap sur
Plymouth et me laissa seul, ou du moins avec mon
compagnon de garde.
Celui-ci était un vieil Écossais, dont la physio-
nomie n’était point faite pour me séduire. Il avait
l'air sombre et ne paraissait point communicatif. Il
me montra pourtant ma nouvelle demeure, qui me
convint.
Je n'avais jamais vu l'intérieur d'un phare. Le
pied de la tour ne formait qu'un seul massif de
maconnerie : au-dessus se trouvaient quatre cham-
bres superposées et dominées par la lanterne. Celles
du bas servaient de magasins ; la troisiéme était la
cuisine, et la derniére contenait nos lits. C'était la
méme économie d'espace que dans un vaisseau, et,
comme dans un vaisseau aussi, je constatai qu’il y
régnait la méme propreté. La seule différence était
le peu de place que l'on avait pour se mouvoir, au
moins dans le sens horizontal ; on ne pouvait prendre
d'exercice qu'en montant et en descendant; mais je
n'y songeai point sur-le-champ.
— Je vivrai ici trés-commodément et avec tout le