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LES PHARES.
trahir par inadvertance ou pendant mon sommeil ; il
me semble toujours qu'on y fait allusion et qu'on me
soupconne; pourtant je désirele confier à quelqu'un,
Je le sens venir sur mes lèvres dans une foule
d'occasions ; j’éprouverais, je crois, du soulagement
à le communiquer; mais je n'ose pas le faire et
encore à présent je ne sais si je publierai ces pages.
Peu de temps aprés la destruction du vaisseau,
la tourmente s’apaisa : le vent perdit presque toute
sa force et la mer devint assez calme pour que la
chaloupe put quitter le port. Deux ou trois hommes
débarquérent au pied du phare; le premier était
celui qui, pendant que je m'y rendais pour la
première fois, avait remarqué que nous étions alors
un vendredi.
— Je l'avais prévu, dit-il en m'apercevant, vous
voyez ce que l'on gagne à se meltre en route un
vendredi... Ah! vous dormez pendant votre garde!
Vous êtes un fier paresseux! Que serait-il arrivé si
la lampe était venue à s’éteindre?
Je laissai échapper un gémissement involontaire.
Se trompant sur la cause de ma douleur, le matelot
reprit :
— Oh! vous avez raison de gémir sur votre hon-
leuse conduite. Oü est l'Éeossais?
— ll est mort, répliquai-je.
lls tressaillirent tous.
— Son corps est dans la lanterne, continuai-je,
je l'ai laissé à l'endroit oà il a rendu l'àme.
Je racontai en détail les circonstances de sa
mort, disant que si je n'avais pas touché son
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