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LES PHARES.
du siècle dernier, ainsi que Cambry nous l'apprend,
mais que les magistrats eux-mèmes imitaient la
multitude en prenant part au pillage qu’ils étaient
chargés d’empêcher*.
Ces magistrats font mieux leur devoir aujour-
d’hui, au grand regret de leurs administrés, d'aprés
ce que dit M. Elisée Reclus dans ses belles Études
sur les Landes. Il est vrai qu’autrefois, les popula-
lions landaises, en grande partie composées de pi-
rates”, se livraient à la même industrie que les ha-
“ bitans du Raz. Ceux des villages les plus rapprochés
du littoral — c'est M. Reclus qui parle — racontent
de lugubres histoires qui font dresser les cheveux,
et, si l’on en croit les mauvaises langues, il y aurait
toujours parmi les riverains des hommes qui re-
grellent ce bon vieux temps de pillage et de
ineurtre. Encore en 1815, les matelots d'un navire
espagnol en détresse, craignant d’être maltraités
par les habitants des Landes, essayèrent, dit-on, de
gagner les côtes d’Espagne à force de rames, et pé-
rirent tous dans les flots.
Coulier prétend que ces lois étaient moins bien
observées ailleurs, encore vers 1829. « On n’ose
presque pas l'avouer, dit-il, mais il existe en Europe
des phares qui peuvent le disputer à ceux de l’an-
liquité, et qu’on n’éclaire occasionnellement que
! On peut live à ce propos le Message du Directoire exécutif au
conseil des Cing-cents, en date du 25 thermidor an IV.
? Suivant les étymologistes, le nom de Labourd (Laphurdy), qui
désigne les cantons basques les plus rapprochés du Marensin, si-
gnitie contrée' de pirates.