202 LES PHARES.
Depuis l'époque oü se sont passés ces faitsodieux,
des progrés notables se sont accomplis dans le
cœur des hommes et dans la pratique des lois, On
pourrait en arguer qu'aucune tentative propre à
faire échouer les navires ne saurait avoir cu lieu :
il n'en est rien cependant. Au moment où nous
écrivons, le Morning-Post, de Londres, appelle l’at-
lention du gouvernement anglais sur la barbare
coutume des habitants des cótes qui allument, dit ce
journal', de faux signaux sur le rivage, afin d’ y
faire échouer les navires, dont ils se partagent les
débris. Cetle coutume particulière, autrefois au
comté de Cornouaille, ajoute le Morning-Post, sem-
ble se répandre aussi dans celui de Durham, sur les
côtes de la’ mer du Nord. Ce qui paraît confirmer
nos appréhensions, c'est le grand nombre de navires
qui se sont perdus récemment entre Sunderland et
Tynemouth, sur des rochers où on avait vu briller
de faux signaux, que les navires prenaient pour des
phares ordinaires. C’est bien assez des tempêtes de
l'Océan si fréquentes dans cette saison, sans que la
malveillance vienne encore ajouter à la furie des
éléments. Aussi, proposerons-nous de prendre
des mesures énergiques pour réprimer ces cri-
mes odieux. Il faut appliquer purement et sim-
plement les anciennes lois de George II, par les-
s'écrier, comme l’un d'entre eux la fait ce matin : « Oh! plût à
« Dieu que j'eusse fait naufrage sur quelque rivage turc; là je me
serais attendu à la mort et me serais résigné ; mais ici parmi les
chrétiens, j'attendais charité et protection, et n'ai trouvé que le
pillage et l'insulte. »
1 Année 1866.
RAR AR
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