ANTIQUITE ROMAINE. 93
doctrines. Ils copiaient, par exemple, la fable d’Orphee
en la rapportant à la prédication du Christ, ou celle
d’Ulysse et des Sirènes, qu’ils expliquaient par la né-
cessité de résister aux tentations. L'image mème du
bon pasteur, si fréquente dans les Catacombes et qui
semble alors la représentation ordinaire et autorisée
du Sauveur', n’était pas non plus tout à fait chré-
tienne ; elle se retrouve, à peu de chose près, dans le
tombeau de Nason et dans d’autres sépultures païennes,
et l’on est à peu prés d'accord aujourd'hui pour la re-
garder comme une reproduction du célèbre Mercure
Criophore de Calamis. » Les sculptures et les bas-re-
liefs qui ornaient les pierres tumulaires étaient égale-
ment d’un caractère tout à fait paien.
On a trouvé dans les Catacombes un grand nombre
d'objets qui avaient été à l'usage des morts et qu'on
avait ensevelis avec eux. Il est à remarquer que toutes
les sociétés naissantes ont suivi cette pratique, adoptée
par les premiers chrétiens, d'ensevelirles morts avec
ces souvenirs matériels de leur vie, qui sont aujourd'hui
si utiles aux antiquaires pour les aider à ressusciter les
áges éteints. Le Musée chrétien de Rome renferme
quantité de ces objets recueillis dans les Catacombes ;
on y remarque des jouets d'enfants consistant en pe-
ttes poupées d'ivoire ou d'os, en petits masques et
en clochettes, des bijoux, des étoffes précieuses, des
peignes d’ivoire ou de buis, des anneaux, des colliers
1. Quant à l’image de la croix, elle apparaît rarement dans
les Catacombes; ce n’est que beaucoup plus tard, du reste, qu’elle
devint le signe distinctif du christianisme.