CREUSEES PAR LES EAUX. 229
rain des protubérances qui s'effacent insensiblement ;
les infiltrations ont arrondi, modelé cette petite co-
lonne et l'ont ornée de jolies configurations. On des-
cend ensuite, d'abord le long d'une sorte de mur, formé
d'un roc coupé verticalement et bordé en bas d'une
rangée de franges en larmes d'un demi-pied, telle-
ment uniformes qu'on les dirait sculptées par un ha-
bile ouvrier ; puis dans un chemin fort dangereux, pra-
tiqué à travers des espèces de puits placés à côté les
uns des autres et n'ayant pour séparation que des pa-
rois de quelques pouces d'épaisseur; ces puits, de forme
carrée ou triangulaire, et profonds de quatre à huit
pieds, ont leurs cloisons verticales et recouvertes d'un
limon glissant qui en rend le passage trés-scabreux;
il faut s'aider des mains, se soutenir, s'éclairer les uns
les autres, et l'on peut aisément, à moins d'une grande
attention, faire quelque mauvaise chute. De là, on ar-
rive, par un plan uni légèrement incliné, à un lac d’une
eau calme et transparente, qui réfléchit agréablement
la lumière ; la voûte qui le recouvre peut avoir douze à
quinze pieds de largeur sur une longueur égale. Ce lac
n'est pas aussi considérable qu'il semble l'étre: dans
sa plus grande largeur, il n'a que huit métres, et sa pro-
fondeur, qui varie beaucoup, ne dépasse nulle part
quatre métres; un bateau, qui peut contenir plusieurs
personnes, permet aux curieux de se procurer les émo-
tions d'une petite navigation souterraine. Mézeray rap-
porte, dans sa Vie de Francois I” (1548), que ce roi
avait promis à deux criminels qu’il leur ferait re-
mise de leur peine, s'ils réussissaient à visiter ce lac