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de pil-
LA CORNE. 93
lage, de déchirement. Cependant c'est sous cette
forme aiguë, tranchante, horrible, qu’elle a été
l’instrument béni du progrès.
Ces becs d'acier des rapaces, ces griffes des
grands carnassiers semblent avoir été aiguisés par
le génie du mal. Toutefois ils ont plus vigoureuse-
ment servi à l'évolution du monde que l'épaisse
carapace, inerte instrument de conservation.
Si ces armes terribles n'avaient déchiré les
faibles et les indolents, la terre eüt été encombrée
de ruminants décharnés se disputant un brin
d'herbe, broutant la plante aussitót qu'elle arrive
à fleur de terre. Si les chévres, les chevaux sau-
vages, les gazelles ont conservé leur gráce et leur
finesse, c'est qu'il leur a fallu de l'énergie dans les
jarrets, la délicatesse de l’ouïe, la pénétration des
regards pour échapper à la dent meurtrière admi-
rablement servie par des griffes aiguisées. C'est
que, gráce à la corne, leur vie fugitive a été une
gymnastique constante.
Nous ne saurions donc mieux utiliser le micro-
scope, que de l’employer à l’analyse d’une sub-
stance qui joue un si grand rôle dans la lutte
éternelle! Enlevons donc délicatement, je dirai
presque avec respect, un fragment du métal vi-
vant. Nous reconnaitrons sans peine qu'il est formé
par un tissu, net, ferme et soyeux, ressemblant à
celui des lames damasquinées de l'Orient.
Ajoutez à vos lentilles la raison, cet instrument
d’optique intellectuelle dont le grossissement est