332 LE MONDE INVISIBLE.
cellule par une sorte d'opération césarienne. La |
paroi membraneuse s'ouvre devant lui, «t lui livre
passage. Ge n’est plus alors un embryon, c’est une
larve qui tombe dans la cavité intérieure du corail
où elle vit à la manière des vers intestinaux. Avant
elle était comparable à un cysticerque enfoui dans )
son kyste, la voilà élevée à la dignité d'un ascaride,
d'un ténia.
Quand arrive l'heure de la naissance, lalarvedu .
corail fait apparition dans le monde extérieur, oü
| elle entre par la porte d'ébéne; car elle est lancée
| dans la mer avec les résidus de la digestion.
| En ce moment elle paraît être un animal très-
Il vivace qui semble impatient de se précipiter vers
hill des destins nouveaux. Qu'il se hâte de jouir de
fn cette faculté sublime de la locomotion, car il
ne la possédera point jusqu’au terme de son
existence. Ne vaut-il pas mieux périr que de
vivre ainsi déshonoré, que d’être cloué sur un
fe, anl d SEP We
rocher quand l'on a connu l'existence des grands |
vagabonds de l'empire de la mer! €
Déjà dans sa vie libre le corail se sent mal à
l'aise; il ne marche qu'à reculons. On dirait qu'il ;
emploie toutes ses forces à lutter contre l'attrac- :
tion des rochers dans le voisinage desquels il passe. :
Mais il a beau faire. Quel étre échapperait à la
force invisible, mais invincible de la fatalité, écrite t
dans son organisme? Pendant qu'il nageait peut- (
étre avec courage pour maintenir son indépen- I
dance, il s'est transformé en rocher, son corps