48 LE MONDE INVISIBLE.
à peine ce que sont les aérolithes, ces pierres étran-
ges qui tombent du ciel. On ne se doutait pas que
l'infini des cieux nous envoie un monde, suscep-
tible d'étre exploré à travers les besicles du sage!
Ces hótes du firmament sont criblés d'étranges
géodes, de lignes heurtées semblables à des in-
scriptions runiques, à des caractéres cunéiformes.
Voilà des Alpes de saphir, des Carpathes d'opale,
des Sahara de cristal, des Vésuves d'émeraude. La
lumière, cette messagère des espaces célestes, est
en fête; on dirait qu’elle délire.
Est-ce que nous n’assistons point aux saturnales
d’Isis?
Un jour prochain, sans doute, nos grands nécro-
manciens du boulevard se fatigueront de faire filer
la carte. Qu'est-ce que l'escamotage de leurs mus-
cades en comparaison du travail des puissances qui
sont à nos ordres, et qui, elles, sont en état d'esca-
moter un monde? :
Que valent donc les tours d'équilibre de leurs
pantins, en présence de l'équilibre éternel des
lois naturelles? Est-il un kaléidoscope qui puisse
rivaliser avec ces teintes, ces arétes, ces angles,
ces plans entre-croisés, qui ne sont pas seulement
admirables parce qu'ils nous renvoient une lumiere
chatoyante, et parce qu'ils caressent doucement
notre rétine? En effet, ils sont encore plus beaux,
sans aucun doute, parce qu’ils nous révèlent un
monde d’harmonie au milieu duquel nous vivions
avec la croyance au chaos.
pou
sent
blin
étre
affir