102 LES MERVEILLES DE LA GRAVURE.
graver des estampes, cet artiste anonyme n’avait
pas exercé la profession d'orfévre?
Un autre anonyme, connu celui-là sous les
noms de Maitre à la navette ou de Zwoll, aurait
travaillé, si l’on en croit les historiens, à une
époque peu éloignée du maître de 1480; sa ma-
nière, cependant, est plus accentuée et ressort d’un
art plus avancé. Quoique des planches de son
œuvre rappellent par leur rudesse l’école primi-
tive, d'autres paraissent démontrer qu’il grava
jusqu’au milieu du seizième siècle. Ainsi dans le
Christ en croix, estampe d’une bien grande dimen-
sion pour l’époque où elle vit le jour, la Vierge
évanouie au pied de la croix n’est pas sans analo-
gie avec la même figure dans une peinture de
Quentin Metzis exposée au musée d’Anvers. Nous
ne voulons pas dire cependant que le graveur ait
voulu reproduire les œuvres du célèbre peintre
Anversois, né vers 1460 ; mais pourquoi donc se-
rait-il impossible de le ranger au nombre des imi-
tateurs de Quentin Metzis ou parmi ceux qui s’ai-
dèrent du talent de ce maître? Son burin, au
surplus, avait de la souplesse ; mais il a ignoré les
progrès accomplis dans les autres contrées. Le
Maître à la Navette ne dut jamais quitter les Pays-
Bas ni même connaître les estampes exécutées en
Italie et en Allemagne ; sa manière ne laisse pas
soupçonner la moindre influence étrangère et,
uniquement occupé de sujets pieux, son burin ne