110 LES MERVEILLES DE LA GRAVURE.
sus de leurs forces. Le nombre de leurs ouvrages fut
énorme, il est vrai, mais, fécondité stérile, cette
activité extraordinaire ne tendait à rien moins
qu'au dépérissement de l’art. Travaillant pour le
commerce, les graveurs inondaient le marché de
sujets pieux, se livraient à l’allégorie, cette ma-
ladie de l'Italie en décadence, et, pressés de pro-
duire, ne songeaient guère à ce qui, par-dessus
tout, eat di les préoccuper : la beauté ou la
recherche du vrai. Nous aimons mieux, après
avoir accusé les tendances de l’école des Pays-Bas
à ses débuts, aprés avoir indiqué la ficheuse
direction qu’elle suivit si longtemps, passer rapi-
dement et nous arrêter de préférence aux œuvres
qui constituent sa force et sur les artistes qui en
feront éternellement la gloire.
Ici une distinction est nécessaire. Jusqu'à pré-
sent nous avons confondu l’art hollandais et l’art
flamand, qui marchent de front, en effet, jus-
qu'au commencement du dix-septième siècle.
Mais il faut maintenant les séparer, car les ten-
dances artistes de ces deux pays varient à me-
sure que leurs intérêts cessent d’être unis. La
Hollande se constitue et prend une direction qui
n'a plus rien de commun avec les aspirations de
la Flandre ; un maître naît chez elle; il change
brusquement les habitudes de l'école, et ce mai-
tre, qui tient la tête de l’art, c’est Rembrandt Van
Rhyn