114 LES MERVEILLES DE LA GRAVURE.
lorsque le maître nous fait assister à des scènes
d’intérieur, quand il nous conduit dans les syna-
gogues, quand il nous montre le sculpteur mode-
lant au pouce une statuette, ou la cuisinière entou-
rée de ses enfants faisant sauter dans la poêle ses
coucks, il donne à ces sujets familiers un esprit,
une verve, un accent de la nature qui nous inté-
resse, nous charme, nous attire. Dans les por-
traits, nul ne donne plus de vie et plus de gran-
deur. Jean Lutma, le bourguemesire Six ou
Rembrandt lui-méme, vivront à jamais dans les
eaux-fortes qui nous retracent leur physionomie
avec tout ce qu'elles ont de spirituel, d'énergique
ou de singulier. Devant les beautés de la cam-
pagne, Rembrandt est encore tout à fait maitre:
personne, et pourtant la Hollande a eu d'assez
grands paysagistes, n’a su rendre l'aspect de ce
pays factice, créé par la main de l'homme, avec
une aussi étonnante vérité. Les horizons infinis
de ce pays plat, coupé par quantité de canaux
et çà et là égayé de moulins à vent, sonl expri-
més sans monotonie et sans exagération. Les
paysages de Rembrandt donnent de la Hollande
l’idée la plus juste; l’art avec lequel le maître a
su choisir les points de vue, disposer les plans,
exprimer enfin ce qu'il a eu devant les yeux, fait
que dans ses estampes ce pays humide et triste
apparait par son cóté vraiment pittoresque sous
un angle tout à fait intéressant et curieux.