118 LES MERVEILLES DE LA: GRAVURE.
imitateurs, moins scrupuleux parce qu'ils étaient
moins habiles, ne craignaient pas d'outrer la
vérité des personnages, souvent hideux, auxquels
ils donnaient l'action et la vie.
A cette recherche de sujets souvent infimes,
à cette prédilection pour les mœurs des paysans
et des gueux, on doit, en Hollande, un grand
nombre d'oeuvres excellentes. Les artistes qui
s’adonnèrent à ce genre étaient peintres pour la
plupart, ce qui paraît à leurs gravures, et ils
avaient eu le bon esprit de renoncer à porter au
loin leurs pas, n'imitant point en cela leurs pré-
décesseurs, et savaient trouver autour d’eux une
inspiration vraie et des modèles excellents. Comme
leur pays n’offrait ni un type d’habitant bien noble,
ni une nature riche en grands aspects, ils s'appli-
quérent uniquement à représenter ce qu'ils
voyaient. Leurs ouvrages nous séduisent parce
qu'ils sont vrais. Ces intérieurs de tabagies et de
cabarets dans lesquels Ostade ou Brauwer nous
mènent, sont vivants et animés. On comprend que
le graveur qui les reproduit les a fréquentés et les
connaît à fond. Adrien Brauwer, de Harlem, les
aurait même beaucoup trop fréquemment visités,
à ce que prétendent des historiens qui l'accusent
de s'étre livré à l’ivrognerie et d'avoir mené
une vie fort débauchée. Il mourut à trente-
quatre ans, laissant quelques eaux-fortes exécutées
d'une pointe délicale el spirituelle. Adrien Van