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LES MERVEILLES DE LA GRAVURE,
commodait des accidents de terrain, et la beauté
imposante des paysages qui se déroulaient devant
ses yeux lui fit rencontrer le style. Compatriote
et disciple de Jean Both, Guillaume de Heusch sui-
vit l'exemple de son maitre et alla comme lui
chercher ses modèles en Italie. Sa pointe, adroite,
délicate, spirituelle, rendit la nature de ce pays
avec beaucoup de vérité, et si le procédé employé
est un peu en désaccord avec la majesté des sites
qu'il choisit, en raison du résultat obtenu, ne
nous montrons pas trop exigeants. Herman Swane-
velt qui passa, lui aussi, la plus grande partie de
sa vie en Italie, céda à l'élan donné par Claude
Lorrain et s'inspire directement des lecons de ce
maître. Ses eaux-fortes se ressentent de l’ensei-
gnement qu’il reçut. Elles pèchent toutefois par
l'exécution qui est froide et monotone.
Au contraire, le plus grand paysagiste de la
Hollande, Jacques Ruysdael, ne connut pas l'Italie
et ne cessa guère d’habiter la ville de Harlem, qui
l'avait vu naître. Ce maître, dont nous n’avons pas
à apprécier ici l’incomparable talent de peintre,
à gravé des eaux-fortes dignes assurément d’au-
tant d’estime et de faveur que ses tableaux. Elles
sont traitées librement et dessinées avec une
science, une fermeté singulières. Avant Ruysdael
nul n'avait indiqué d'un trait plus sincére la forme
des arbres ni détaillé les feuillages avec plus de
netteté sans tomber jamais dans le fouillis, le fa-