LA GRAVURE DANS LES PAYS-BAS. 129
tras. Sagement répartie, la lumière éclaire fran-
chement les plans que le soleil frappe: dans les
ombres, c'est le méme soin, la méme préoccupa-
tion du vrai, la même intelligence du juste. La
couleur chaude de ses tableaux se retrouve dans
ses eaux-fortes, et pour choisir dans son œuvre
d’ailleurs peu considérable deux planches résu-
mant son talent dans ce qu’il a de plus élevé et de
plus noble, désignons le Champ de blé et les Voya-
geurs. Jamais on n’a donné image plus parfaite d’un
simple champ de blé, que borde une haute rangée
d'arbres ; jamais aussi l’on n’a su avec un pareil
tact éviter la confusion, oü elle semblait pourtant
inévitable : la nature est couverte d'arbres feuil-
lus, de frondaisons robustes, de ronces emmélées,
difficultés vaincues, l'artiste a mis chaque chose,
chaque objet à sa place, chaque arbre est supé-
rieurementà son plan, l'air l'environne, la lumière
le caresse et de toutes parts se répandent les sains
et vivifiants parfums de la vraie campagne. Lui
aussi, Antoine Waterloo, ne quitta pas la Hollande
et s'écarta peu des environs d'Utrecht, sa patrie.
Contrairement à la plupart des artistes dont nous
venons de parler, il acquit comme graveur plus
de réputation que comme peintre et même plus
qu’il n’en méritait. Il grava d’une pointe mono-
tone, traçant avec la même précision les premiers
et les derniers plans, et pour accentuer un tronc
d'arbre, une branche confondus dans le feuillage,
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