154 LES MERVEILLES DE LA GRAVURE.
juste retour de l'opinion, celle de dessinateur fin
et correct, que ses premiers ouvrages lui avaient
assurée, lui échappa. Le plus regrettable, c'est
qu’il eut des imitateurs et fit école. En effet,
sa manière séduisit et enrôla des esprits avides
de nouveauté, et pourvu qu’ils arrivent à la noto-
riété, peu scrupuleux sur les moyens de l'obtenir.
Parmi les imitateurs de Goltzius les moins sen-
sés, nommons Jean Saenredam et Jean Müller. H
est impossible de pousser plus loin qu'eux le ma-
niement de l'outil, de montrer une habileté plus
grande à tailler le cuivre. Mais cette facilité d'exé-
cution leur fit rechercher des compositions rem-
plies de figures contournées à outrance. Vaincre
des difficultés en apparence insurmontables,
tel était leur idéal, et cette préoceupation con-
stante de faire parade de leur savoir absorba leurs
efforts. C’est pourquoi ils préférèrent demander
des modèles à Barthelémy Spranger, certes le
peintre le plus maniéré de l’école, plutôt que
de graver leur composition ordinairement d’un
style plus simple. Jacques Matham, autre élève
de Goltzius, ne se contenta pas des leçons de
son maître. Il fit un long séjour en Italie et recut
à Rome quelques conseils de son compatriote Cor-
neille Bloemaert. Mais s’il gagna à cette éduca-
tion nouvelle de ne plus s'adonner systématique-
ment aux sujets compliqués, aux formes exagérées,
en se laissant guider par des talents divers, il