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LES MERVEILLES DE LA GRAVURE.
trailistes ; jusque-là, sa facture était restée pe-
sante, sans harmonie, sans souplesse, avec des
demi-teintes trop uniformément répandues, et le
dessin semblait étouffé sous des travaux n'ac-
cusant aucune forme précise.
À la fin du dix-septiéme siécle, l'art hollandais
s'affaisse ou plutôt disparaît à peu près compléte-
ment. Les talents deviennent de plus en plus ra-
res. On compte, il est vrai, des ouvriers adroits
et agiles, mais ce sont des ouvriers et non des
artistes, et l’habileté prodigieuse que Rembrandt
avait enseignée, que déployérent ensuite ses imi-
taleurs et les burinisies à la tête desquels il n’est
que juste de placer Corneille Visscher, se réduit
peu à peu à rien pour ne plus reconquérir jamais
son ancien éclat. ll y a bien encore Romyn de Hoo-
ghe qui grava avec une incomparable fécondité les
sujets les plus divers : batailles, cérémonies, cos-
tumes, portraits, tous les genres furent traités par
cet artiste doué d'une imagination exceptionnelle,
mais dépourvu de goüt et ignorant les lois du
dessin. Beaucoup moins habile que Romyn de
Hooghe, Jean Luyken avait, lui aussi, une imagi-
nalion ardente et une rare facilité d'exécution.
Mais, lourde et monotone, sa pointe servait mal
son intelligence et ne produisait que des ouvrages
lernes, sans signification déterminée. Jacq. Hou-
braken s'efforca pendant une grande partie du
dix-huitiéme siécle de faire revivre en Hollandela