148 LES MERVEILLES DE LA GRAVURE.
et en Angleterre pour amener la paix entre ces
deux pays qui, depuis de longues années, étaient
en guerre, Ces ambassades successives lui four-
nirent pourtant l'occasion d'exercer son pinceau,
ear ce fut le plus souvent en faisant les portraits
des rois qu'il expliquait le but de sa mission. C'est
ainsi qu'il laissa à Madrid et à Londres de nom-
breuses et éclatantes traces de ses séjours. En
novembre 1630, il. seremaria ; il épousa sa niéce,
Hélène Fourment, qui le rendit père de cinq
enfants, et il mourut à Anvers d’un accès de
goutte, le 50 mai 1640. Ses obsèques se firent
avec une solennité extraordinaire ; la Flandre per-
dait en lui son plus grand peintre, et l’un des
plus grands hommes qu’elle ait vu naître.
L’influence de Rubens sur la gravure fut décisive.
Non-seulement ses ouvrages étaient des modèles
excellents pour les artistes qui les gravaient, mais
encore il guidait ceux auxquels il confiait le soin
de multiplier ses œuvres, les faisait travailler sous
ses veux, retouchait lui-même au pinceau, avec
une science parfaite les estampes gravées d’après
ses tableaux, et ne laissait publier une planche
que lorsqu’il l’avait jugée réellement digne de voir
le jour. C'est à cette constante préoccupation, à ce
respect de lui-même, pour ainsi dire, que Rubens
dut l’immense réputation qui s’attacha à ses
œuvres. Répandues au loin, ne donnaient-elles
pas à ceux qui n’avaient pas vu les peintures du