LA GRAVURE DANS LES PAYS-BAS. 119
maitre une trés-juste idée de son talent, de son
génie? Et ce qu'il faut aussi remarquer comme
une circonstance très-curieuse, c’est que les œu-
vres de Rubens, qui se distinguent avant tout par
une fraicheur de coloris surprenante, un senti-
ment profond de la vie et de la force et une admi-
rable entente de l’harmonie des tons, semblaient
d'une reproduction très-difficile à des graveurs
qui ne peuvent disposer que de deux couleurs :
le noir de l’encre et le blanc du papier. Grâce
à la surveillance active que le maître exerca,
grâce à l'influence de son talent, ces difficul-
tes, au premier abord insurmontables, s'apla-
nirent, et, sous sa forte et intelligente direction,
des graveurs qui ne se servaient que du burin,
produisirent de véritables chefs-d’œuvre de cou-
leur, de transparence et d’harmonie, dignes en
tous points des pages originales. On assure que
Rubens a lui-même exécuté quelques estampes.
Cependant nous croyons difficile d'admettre que
toutes les gravures accompagnées des signatures
uniques: Rubens fecit, invenit ou excudit, soient. ef-
fectivement du maitre, et si une seule pièce, Sainte
Catherine, semble pouvoir lui être attribuée avec
quelque vraisemblance, parce qu’elle renferme des
qualités de premier ordre, sans briller par une
exécution bien particulière, en bonne conscience,
il ne nous parait pas raisonnable d’assigner la
méme origine à aucune autre planche. Quand nous