LA GRAVURE DANS LES PAYS-BAS. 155
avec une ferme et savante précision. Aucune des
œuvres que Bolswert exécuta dans la maturité de
son talent, n'aceuse la recherche de la belle taille,
c'est-à-dire le désir de faire parade de son habileté à
manier le burin ; sa préoccupation était plus haute.
Son but fut de rendre aussi fidèlement que possible,
avec un procédé dépourvu des ressources de la
peinture, les œuvres peintes de ses contemporains.
Il choisit de préférence les tableaux de Rubens.
C’est que l’illustre maître flamand tenait la tête de
l’école, et que ses ouvrages étaient bien faits pour
séduire et attirer un grand artiste. Cette prédilec-
tion si naturelle n'empécha pas Schelte à Bolswert
de chercher auprès du maître quelques élèves dont
les travaux fussent dignes également d'exercer son
burin ; c’est pourquoi, à côté de l’Assomption, de la
Pêche miraculeuse et de la Résurrection, œuvres
admirables de Rubens, interprétées avec un magni-
fique talent, on note comme méritant une admi-
ration égale la planche que Bolswert grava d'aprés
les Musiciens de Jordaens, ou bien encore le Silène
ivre, d'Antoine van Dyck.
Paul Pontius qui travailla à cóté de Schelte à
Bolswert, et qui partagea avec lui l'amitié de Ru-
bens, eut un talent presque égal, et reproduisit
avec autant de bonheur les œuvres du maître.
Son burin était souple et précis ; il savait varier
ses travaux pour exprimer la fermeté des chairs
abondantes et fraiches, ou l'ampleur des draperies