LA GRAVURE EN ALLEMAGNE. 185
est facile et expressif ; enfin, ses compositions on
de la variété, et sont souvent très-heureusement
agencées. L' Adoration des Mages va ppellede trés-prés
quelqu'une de ces miniatures du siècle précédent
auxquelles on accorde aujourd'hui une sympathie
justifiée. Le maître de 1466 donnait aux extrémités
de ses figures beaucoup de maigreur, et une ex iguité
exagórée, mais dés qu'il s'agissait de composer
une pièce d’orfévrerie, une patène, ou bien un rin-
ceau d’ornement, il était dès lors tout à fait dans
son domaine, et composait des œuvres pleines de
goût et de grâce. Artiste gothique par excellence, le
maître de 1466 ne rechercha pas la beauté telle que
nous l’aimons, telle que les primitifs Italiens l'ex-
primèrent toujours ; la forme et la grandeur du
dessin furent pour lui des préoceupations secon-
daires; ce qu'il s'appliqua à rendre, ce qu'il attei-
gnit souvent, c'est le sentiment naif'et l'expression
juste de la figure qu'il mettait en action. Par ce
côté il se rattache à ces artistes extraordinaires,
pour lesquels on a professé trop longtemps une
injuste indifférence, qui construisirent la cathé-
drale de Strasbourg et nos superbes monuments
du moyen âge. Comme eux, il s’entendit à agencer
des ornements, et lorsqu’il s’adressa à la figure
humaine, il lui donna un cachet de simplicité naïve
qui certes n’est pas exempte de majesté; que ses
têtes soient trop fortes, ses mains, ses pieds trop
exigus, les plis de ses draperies brisés avec exces,