208 LES MERVEILLES DE LA GRAVURE.
vent des airs de téte qui rappellent de trés-prés la
maniére du grand maitre. Aldegrever traita tous
les genres. Cependant il ne fut jamais plus habile
que lorsqu’il ne se proposa pour but que de figurer
les personnages de son temps. N'ayant pas à in-
venter, se bornant à copier ce qu'il avait sous les
yeux, il réussit parfaitement. Sa tendance à allon-
ger, outre mesure, toutes les figures, à exagérer
les formes, disparait complétement ou s'atténue
beaucoup sous les ajustements des habits, et les
plis ne sont pas trop brisés comme dans ses es-
tampes de pure invention. Il se montra encore
supérieur à tous ses émules, dans les ornements
entremélés de figures dont il enjoliva des gaines de
couteaux ou de poignards. Dans cette partie de l’art,
il fit preuve d’une imagination et d’une verve que
ses compositions, quand la figure humaine y joue
le rôle principal, ne révèlent pas toujours.
Tandis que la gravure au burin obtenait en Al-
lemagne un succès que justifiait l’habileté avec
laquelle elle était traitée, quelques artistes prati-
quérent aussi la gravure à l’eau-forte. Albert
Dürer en avait donné l’exemple, mais sans attein-
dre, dans ce genre, il faut bien le dire, le mème
degré de perfection que dans ses autres planches.
Sa manière ne fit pas école. Ce mode de gravure
semble d’ailleurs n’avoir pas convenu aux Alle-
mands, qui préféraient un art moins expéditif,