LA GRAVURE EN ALLEMAGNE. 219
des toiles empruntées à sa collection. Ce qui dis-
tingue ses planches les plus célébres, c’est le bril-
lant et la netteté du travail. Il n’est pas possible de
graver avec une plus grande habileté et personne
ne sut mieux varier les travaux pour rendre chaque
objet selon sa nature, suivant la place qu'il occupe.
Cette grande perfection du travail matériel a pour-
tant un mauvais côté. Il n’est pas douteux qu'elle
donne à l’estampe un aspect métallique très-pro-
noncé et que l’œil qui voudrait d’abord voir l’en-
semble, est à chaque instant attiré et distrait par
un des agréments quelconques du travail. L’artiste
sacrifie son modèle à sa propre renommée. Mais
aussi ne manque-t-il pas en partie son but? En
faisant une telle montre de science ne semble-t-il
pas ignorer que le devoir du graveur est de s'iden-
tifier complétement avec son modéle, d'abdiquer
son individualité , de s’effacer et de reproduire
l’œuvre du peintre avec la plus entière sincérité
Georges-Frédéric Schmidt, compatriote, con-
temporain et ami intime de Wille, eut à peu prés les
même débuts ; venus ensemble à Paris, leurs com-
mencements ne furent pas très-faciles; mais Ni-
colas Lancret rendit à Schmidt un service analogue
à celui qu’Hyac. Rigaud avait rendu à J.-Georges
Wille. Mis en rapport avec Larmessin, Schmidt
prépara les planches de ce graveur, employant les
rares moments de liberté que lui laissait son mai-
tre à graver pour l’éditeur Odieuvre de petits