LA GRAVURE EN ANGLETERRE, 225
à son origine, la gravure en Angleterre, pas plus
que dans la plupart des autres pays, n'a de carac-
tére propre. William Caxton ornait rarement de
planches les livres qu'il publiait, et lorsqu'il voulut
s’en donner le luxe, il n'eut à sa disposition que
des tailleurs d’ymaiges malhabiles, et, au demeu-
rant, aucune des estampes parues dans ses publi-
rations n’a de valeur au point de vue de l’art. La
seconde édition, celle-là sans date, du premier livre
imprimé en Angleterre en 1474 (the Game and
Playe of the chesse), contient plusieurs figures qui
représentent un joueur devant un échiquier, un
roi, deux cavaliers, un fou, etc. Mais pas une seule
ne possède ce qui accuse la provenance, la natio-
nalité, et, n’était le texte qui les encadre, il ne
serail vraiment pas possible de dire d’où elles
viennent. Il en est de même d'un autre livre moins
rare intitulé le Miroir du Temps (Thymage or Mir-
rour of the Worlde, 1481). Les quelques planches
qu’il contient donnent l’image d’un professeur
enseignant la grammaire ou d’un logicien assis
dans une chaire et discourant avec ses disciples,
et l’art en est aussi complétement absent que des
planches précédentes, preuve décisive du peu d’ha- |
bileté des premiers graveurs anglais. Dans une édi- M
tion des Fables d’Esope (the Subtyl Hystoryes and
Fables of Esope), publiée trois ans plus tard, c'est-
à-dire en 1484, par le méme Caxton, on trouve des
planches copiées d’après des éditions antérieures
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