LA GRAVURE EN ANGLETERRE. 251
sans aller jusqu'à la contrefaçon, et sut con-
server son individualité. Les portraits de Nanteuil
attestent un savoir profond et en même temps une
nature de talent contenu et réservé tout à fait
conforme aux habitudes de l'école française ; tandis
que les planches de Faithorne, gravées soil d’après
Ant. van Dyk, ou d'après des artistes qui vécu-
rent sous la dépendance du maître flamand, soit
dessinées par le graveur lui-même, se ressentent
de l’influence qu’exerça sur l’école naissante l'il-
lustre élève de Rubens, et témoignent d’une re-
cherche de la couleur à laquelle, à coup sûr, ne
visa jamais le graveur français. Les portraits de
R. Bayfeild, de William Paston, de William San-
derson et d’autres justifient pleinement l'estime
que l’on accorde à l’œuvre de Guillaume Faithorne,
dit le Vieux. Ce sont du reste les pièces qui don-
nent du talent de l’artiste la meilleure idée, car
les compositions qu’il grava ne révèlent pas à
beaucoup près une habileté aussi grande, et l’on
jugerait certainement G. Faithorne au-dessous de
sa valeur si l’on ne connaissait de lui que la Sainte
famille d'après Simon Vouet, ou la Vierge caressant
l'Enfant Jésus d'après Laurent de la Hyre, estampes
sans valeur qui rappellent le travail de Couvay
et de Mellan sans même en avoir toutes les qualités.
Bien des artistes tentèrent de suivre la manière
de Guillaume Faithorne; aucun cependant n'eut
assez d'originalité ou de talent pour mériter une