234 LES MERVEILLES DE LA GRAVURE,
peut plus surprenante chez un artiste certaine-
ment intelligent, mais plus préoccupé de donner
l'aspect des originaux qu'il reproduit, que leur
caractére et leur style!
Guillaume Woollett, né également en Angle-
terre et disciple de John Tinney, tourna ses vues
du côté du paysage. Bien qu’il ait quelquefois
aussi gravé des figures, et même des compositions
considérables, par exemple la Bataille de la Hogue
et la Mort du général Wolf, il ne se montra jamais
aussi habile que dans la reproduction des tableaux
de Claude Lorrain, de Wilson ou de Pillement. Per-
sonne avant lui, sans autre ressource que le burin,
n'avait obtenu des effets aussi divers, ni donné
aux plans, avec autant de justesse, la valeur qui
leur convient réellement. Les lointains, éclairés
par un dernier rayon de soleil, sont dessinés avec
précision, et malgré leur éloignement apparaissent
distinets, sans confusion et sans cesser pour cela
de garder leur véritable place; en revanche, arbres
et terrains des premiers plans sont gravés à l'aide
d'un burin de forte dimension qui entame profon-
dément le cuivre et, en procédant par tailles larges
et espacées dans lesquelles l'encre pénétre abon-
damment, il accentue la valeur des devants, et les
fonds, par opposition, n’en semblent que mieux
dans leurs vraies dimensions. C’est Claude Gellée,
dont les ouvrages, comme on sait, ont toujours
été recherchés avidement en Angleterre, qui four-