LA GRAVURE EN ANGLETERRE. 249
par des mains étrangères, ses œuvres ont conservé
tout l’accent et l’attrait de ses œuvres originales.
Préparées à l’eau-forte et menées ainsi fort loin,
ses planches étaient reprises au burin avec une
grande adresse. Préoccupé avant toutes choses de
l'expression, il se servait de la pointe et du burin
aussi facilement que du pinceau, et ses estam-
pes n'offrent pas seulement les mémes qualités
que ses peintures, elles en ont une que ses toiles
ne renferment pas toujours à un égal degré, l'har-
monie.
Entre William Hogarth et les artistes qui trai-
tèrent en Angleterre les sujets de mœurs ou
les caricatures, il y a une immense distance. Au-
tant le maître semble jaloux du côté philosophi-
que de son ouvrage et désireux de donner à ses
compositions toute la valeur d’un enseignement
moral, autant les caricaturistes qui lui succèdent
se montrent peu portés à donner à leurs estampes
un intérêt général. S'ils cherchent à ridiculiser
tel personnage, ils accentuent les défauts physi-
ques de la personne, ou le représentent déguenillé,
misérable ou bafoué, mais voilà tout ; et s'ils re-
présentent une des mille misères de la vie hu-
maine, ils se contentent de pousser la bouffonne-
rie jusqu'à l'extréme, et leurs figures, dans les
gestes, l'expression, l'accoutrement, sont telle-
ment exagérées, qu’elles ne parviennent pas tou-
jours à provoquer même le rire.